Pérou – Lima, la controversée

S’arrêter à Lima ? Ou pas ? Nous nous sommes pas mal posé la question en descendant progressivement vers le sud du Pérou. Beaucoup de gens nous avait dit ne pas avoir apprécié Lima, l’avoir trouvé moche ou bien inintéressante avec sa dégaine de ville occidentale. Personnellement, j’avais envie d’y jeter un coup d’œil pour 2 choses dont j’avais entendu parler : la possibilité d’y faire du surf et de visiter une réserve de lion de mer. Finalement, je n’avais pas dû tout comprendre puisque la fameuse réserve de lion de mer se trouve en fait à Paracas soit à 3h de là ! Mais peu importe, nous nous y sommes donc arrêtés 3 jours sur notre route entre Huaraz et Cusco (où nous comptions à la base passer le nouvel an) afin de nous faire notre propre idée !

Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit au Pérou. Pour lire le début des aventures, c’est ici.

◊ Impression générale sur Lima

Premièrement : il fait chaud ! A Lima, nous avons retrouvé l’ambiance de la côte péruvienne : la plage, les palmiers, les magnifiques couchés de soleil et un été qui semble durer toute l’année.

Deuxièmement : c’est riche ! Enfin, pour les endroits que nous avons visité, c’est-à-dire sans trop de surprise les quartiers de Miraflores et Barranco qui s’alignent le long de la côte, et une partie du centre historique (même si nous ne sommes pas dupes et que les petites mains qui font tourner ces quartiers vivent dans des immenses quartiers populaires aux abords de la ville). A Lima, nous avons eu l’impression d’avoir voyager directement dans une capitale européenne : de grands immeubles modernes vitrés, de grosses voitures rutilantes, des dizaines de petits restaurants/cafés/boutiques joliment décorées où on sert des plats végétariens, des cafés en grain de divers pays du monde ou de la déco pour la maison à la mode et surtout une majorité de personne de type Caucasien. Nous avons eu l’impression d’y croiser très peu de péruviens et d’être entourés principalement d’expatriés ! Bien sûr nous sommes restés dans les quartiers les plus touristiques (et donc les plus riches), il aurait fallut pouvoir explorer les quartiers plus populaires de Lima pour se faire une véritable idée.

◊ Le quartier de Miraflores

Nous avons démarré notre découverte de Lima par le quartier de Miraflores. Enfin, avant cela, nous l’avons rejoint à pied à partir de notre hébergement ; un petit appartement-hôtel situé dans le quartier de Magdalena del Mar, quartier très tranquille qui a le mérite d’être plus abordable que ses voisins plus célèbres ! Pour cela, nous avons emprunté l’infinie voie piétonne qui semble parcourir tout le bord de la falaise se dressant devant le front de mer de Lima. Entrecoupée de parcs, d’espaces verts fleuris, de pistes cyclables et de grandes pelouses, nous avons beaucoup apprécié nous promener ici en observant d’un côté les reflets bleus de l’océan et de l’autre, les familles profitant des pelouses pour se détendre au soleil, les couples sur les bancs entourés de fleurs ou encore les sportifs nous dépassant en courant ou en pédalant.

Bon, pour être tout à fait honnête, le spectacle que nous avions en nous penchant un peu vers le front de mer est un tout petit peu moins reluisant que ça. En effet, le front de mer de Lima reste très peu aménagé et une immense autoroute passe entre le bas de la falaise qui court sur toute la longueur du front de mer et la plage. Ainsi, vu d’en haut, nous pouvions voir beaucoup de voitures et très peu de personnes profiter de la plage…

Ce pont n’a jamais été terminé à cause, apparemment, d’un litige politique sur son emplacement !

Ce que j’ai trouvé fou, c’est aussi le nombre de structures sportives : terrains de tennis, skate-parc ou encore une véritable piste de vélo cross en haut de cette falaise, à deux pas des quartiers d’habitations.

Au bout de cette longue promenade, nous sommes finalement parvenu à Miraflores qui ressemble à un quartier construit de toute pièce pour plaire et se conformer aux dernières modes occidentales : des petites boutiques nichées dans des maisons d’un 1 étage colorées et qui semblent sortir d’une ville imaginaire de conte de fée, des cafés avec terrasses fleuries et proposant des desserts de catalogue, mais aussi toutes les grandes chaînes de magasins, des bars au style bien définis, entre le bar rock qui ressemble à un garage pour motard avec de la musique à fond, le bar à salsa ou le pub irlandais. Des rues calmes, arborées où on se sent automatiquement en sécurité, dans un endroit propre, facile à appréhender, dans une sorte de cocon. Je pense d’ailleurs que c’est exactement l’effet recherché ! D’ailleurs, en s’éloignant un peu du centre vivant de Miraflores, on découvre des immeubles d’habitations modernes, tout neufs, bien gardés et entourés de pancartes demandant aux passants de ne pas faire trop de bruit, de ne pas klaxonner, de faire attention aux enfants, etc.

En visitant ce quartier, nous avons donc été envahis par 2 sentiments assez contradictoires : le plaisir de découvrir un quartier agréable, joli avec ses petites maisons atypiques, où on a envie de rentrer dans chaque petit magasin, chaque restaurant pour s’installer dans des endroits confortables, lumineux et goûter à des bons petits plats, et en même temps un certain malaise devant le fait que tout cela sonne tout de même terriblement faux et formatés. Nous avons eu l’impression que ce quartier était une petite bulle séparée de tout ce qui fait l’identité du Pérou, nous nous sommes d’ailleurs dit qu’il est possible de retrouver ces mêmes rues dans n’importe quelle ville d’Amérique du Nord ou d’Europe sans être capable de définir dans quelles villes nous pourrions précisément être. Mais également séparés de toute la réalité du pays dans lequel existe d’énormes inégalités et injustices et où les priorités du gouvernement semblent peu attachés à l’amélioration des conditions de vie de sa population (comme dans beaucoup d’endroits, d’ailleurs…).

Du coup, d’un côté nous nous sentions bien dans ce quartier, nous avions envie d’en profiter, de lâcher un peu les cordons de notre bourse pour nous faire plaisir. De l’autre, nous étions bien conscients d’être dans un monde de privilégiés mais également d’être poussé à la consommation par des devantures de boutiques spécialement faites pour nous donner envie.

Il est aussi important de noter que les prix sont strictement les mêmes que dans les plus beaux quartiers de Paris ou de New York… Dans un pays ou le salaire moyen est le tiers du SMIC français il était assez choquant de voir des personne dépenser 40€ dans un plat au restaurant.

♦ Le Choco museo

Nous en avions entendu parler avant d’arriver et nous avions hâte de découvrir cet endroit, de profiter de quelques connaissances sur le chocolat tout en ayant droit à quelques dégustations ! Bon, on se calme tout de suite : il s’agit d’une chaîne de boutiques dédié au chocolat proposant quelques panneaux d’explications sur la fabrication du chocolat à partir de la fève de cacao ou des ateliers pour confectionner ses propres chocolats. Le but est donc avant tout commercial, il n’empêche qu’il reste tout de même très intéressant de comprendre en quelques minutes comment le chocolat est obtenu, depuis quand il est célèbre et où est-il produit en Amérique du Sud. Cerise sur le gâteau, il est possible ensuite de goûter tout un tas de petits morceaux de chocolat : noir, au lait, blanc, à la cannelle, au piment, à la coca, mais aussi de goûter à différentes liqueurs à base de chocolat (avec fruit de la passion, mocachino, cannelle, etc), à du thé à base d’écorce de fève etc.

On découvre aussi que toute la production de Cacao se fait dans les pays tropicaux, et que 99% de la consommation se fait dans les pays occidentaux. C’est un véritable produit de luxe et au final peu de Péruviens ont déjà gouté l’excellent chocolat qu’ils produisent dans leur propre pays…

Les tablettes sont hors de prix par rapport au niveau de vie du pays, mais reste moins chères qu’en France pour du chocolat de qualité et produit au Pérou à base de matière première péruvienne. Il s’agit donc d’une bonne idée de cadeau !

♦  Le parc de l’Amour (Parque del Amor)

Dernières petites découvertes dans ce quartier le long de la promenade qui suit la falaise de Lima : le parc de l’Amour ! Il s’agit d’un petit parc qui semble tout droit avoir été importé de Barcelone et avoir été créé par le célèbre Gaudi ! Constitué de petits espaces en forme d’alcôves pour s’assoir et surtout réalisés entièrement en mosaïques, il donne envie de s’y attarder (en bonne compagnie !) pour observer le couché du soleil (ce que nous avons fait, en fait !).

◊ Le quartier de Barranco

Nous avons découvert le quartier de Barranco, plus calme que Miraflores lors de notre deuxième journée de visite. Cette fois plus de grands immeubles impersonnels, mais plutôt de grandes maisons à l’américaine devant des petits jardins bien entretenus.

Au cœur de ce quartier, ce qui frappe le plus sont les dizaines de démonstrations de street-art dès qu’un espace libre est disponible que ce soit sous un tunnel dédié, sur une façade exposée ou tout le long de l’escalier qui descend du quartier pour rejoindre les plages en contre-bas.

Nous avons également apprécié la petite place centrale avec sa bibliothèque qui donne l’impression de se retrouver dans un petit village calme de bord de mer.

Cet ancien quartier populaire, encore constitué de vieilles maisons coloniales décrépites, est en pleine gentrification. Et si on peu encore trouver des rues remplies de petites épiceries et de cantinas vendant des almuerzos à 5 sols, progressivement les cafés végans, les résidences privés et les bars branchés où le moindre cocktail est à 8€ repoussent progressivement cette ligne de démarcation entre lieux de vie pour les péruviens et ville en carton pâte dessiné pour les riches touristes.

Le front de mer

Nous avons fini par descendre nous promener le long de ce fameux front de mer que nous observions déjà depuis quelques jours du haut de la falaise qui le domine. Si on oublie le bruit sans fin de l’autoroute passant juste à côté et la pollution acre qui vous prend à la gorge… c’est plutôt sympa de voir la mer ! Le front de mer commence tout juste à être aménagé de manière un peu plus agréable, avec piste cyclable et promenade plantée, mais on ne trouve souvent qu’un vague trottoir qui suit les plages de galets et permet de se promener. Au final, peu de personne semble en profiter !

Un panneau indiquant les refuges en cas de tsunami !

De temps en temps, on trouve des terrains de sports ou des restaurants ou clubs mais où nous avons eu l’impression que les clients étaient venus directement en taxi sans mettre le nez dehors. Nous avons voulu nous promener le long d’un joli ponton qui permettait de rejoindre un restaurant perché dans la mer mais l’entrée du ponton nous a été refusé car j’étais en short, ce qui apparemment, n’était pas convenable. Nous avons donc retrouvé cette impression d’endroit complètement formaté, faux et réservé à une minorité de privilégiés se déplaçant en taxi d’endroit aseptisés en endroits sécurisés. Certains passages ne sont d’ailleurs pas du tout pensés pour les piétons et on est obligé de traverser des arrières cours peu ragoûtantes de restaurants pour pouvoir continuer la promenade. Et le contraste est donc étrange lorsque l’on perd son regard au loin, sur l’océan, qui, peu importe de là où on le regarde, semble toujours être totalement sauvage, indomptable et indépendant. En écoutant les roulis violent des vagues sur les galets, on se sent bien loin de la superficialité de certains endroits de Lima.

Le fameux ponton où il faut être convenablement habillé !

Une partie plus vivante nous a un peu plus plu : il s’agit du spot de surf de Lima. A cet endroit, nous avons enfin retrouvé quelques personnes profitant de la plage pour se retrouver entre amis, se baigner ou regarder au loin les surfeurs évoluer sur leurs planches. L’ambiance est plus sportive, plus festive et plus humaine aussi. Des petits stands d’écoles de surf permettent de se frotter aux vagues quelques heures avec un professeur. Nous nous sommes renseignés mais les prix 2 fois plus élevés qu’à Huanchaco nous ont dissuadés et nous avons simplement profité de l’ambiance de cette plage tandis que le soleil se couchait sur l’océan.

Un bout du centre historique, les musées

Nous avons assez peu profité du centre historique de Lima qui cette fois-ci, ne se trouve pas en bord de mer, car nous avions choisi de repartir assez rapidement et de continuer notre voyage vers Nazca. Nous nous sommes simplement rendus au musée national d’archéologie, d’anthropologie et d’histoire et Clément est allé au musée Larco qui se trouve un peu plus loin.

Pas très cher (10 sol l’entrée), le musée national très bien fait permet en très peu de temps d’avoir un large aperçu sur l’histoire des différents peuplements au Pérou, depuis les premières civilisations Moche ou Chimu, en passant par les Nazca, jusqu’aux Incas puis la période coloniale et enfin la révolution pour l’indépendance du pays.

La petite place devant le musée d’archéologie

A l’intérieur du musée

Un exemple de crâne déformé (symbole de statut) de la civilisation des Paracas, antérieure aux Incas

Des fameuses têtes réduites jivaros !

Le musée Larco est un musée privé et l’entrée est donc un peu plus cher (30 sol par personne). Clément compte lui réserver un article des 700 Merveilles du Monde dédié car apparemment ce musée est une véritablement merveille (un des plus beaux qu’il ai visité selon lui, et comme il en a fait des centaines cela signifie quelque chose !).

◊ Conclusion

Nous avons passé un bon moment à Lima à profiter du soleil, des parcs, à découvrir les petites rues arborées bordées de petits restaurants et également à entendre le roulement de la mer sur les galets. Nous étions bien conscients de tous les travers cachés derrière ce rideau installé pour nous plaire mais nous avons essayé d’en tirer le plus possible de bonnes choses, appréciant ce qui était appréciable et refusant ce qui ne nous correspondait pas. Ainsi, pour nous Lima n’est certainement pas un endroit qui vaut le détour au Pérou si on manque de temps, mais si vous souhaitez passer quelques jours à vous relaxer dans ces parcs, découvrir ces quelques musées et profiter d’une offre plus large de restaurants, c’est un bon endroit !

◊ Un mot sur notre nouvel an

Comme nous vous l’avions annoncé, nous souhaitions à la base passer le nouvel an à Cusco afin d’avoir une chance de trouver un endroit sympa avec du monde pour pouvoir faire la fête. Toutefois, nous n’avons pas pu y être pour 2 raisons : les prix prohibitifs des transports entre Lima et Cusco en période de fête et le manque de temps. Pour parvenir à Cusco, nous aurions dû nous presser, zapper des endroits qui nous intéressaient (comme Nazca et ses fameuses lignes) et, vous commencez à nous connaître, cela n’est pas du tout à notre goût ! Du coup, nous avons pris notre temps et nous nous sommes retrouvés précisément à Nazca le 31 décembre. Clément vous réserve un article des 700 Merveilles du Monde sur ces fameuses lignes !

A Nazca, nous n’avons malheureusement pas réussi à trouver mieux qu’un hôtel très peu cher mais complètement vide. Ce n’était donc pas l’endroit le plus indiqué pour passer le passage de la nouvel année ! De même, la ville de Nazca bien que n’étant pas désagréable, reste assez petite et surtout pas vraiment adaptée à l’ambiance de fête. Ne trouvant ainsi pas grand-chose à faire le soir du 31, nous avons donc simplement profité d’un bon restaurant (c’est-à-dire un peu mieux que le menu à 5 sol habituel !) et de 2 Piscos Sour, le cocktail fétiche des péruviens, tout en observant les vendeurs de rue tentant de vendre jusqu’à la dernière minute des feux d’artifices et des sous-vêtements jaunes que les péruviens sont sensés porter le 31 pour se porter chance pour la nouvelle année ! Et à minuit, nous avons encore une fois profité des feux d’artifices provenant de toute part dans la ville ! Et hop, simplement comme cela, bonjour 2019 et notre année consacrée au voyage !

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Bonne route !

6 réponses sur “Pérou – Lima, la controversée”

  1. Je trouve que vous avez eu raison de vous arrêter à Lima tout de même, au moins pour vous faire votre propre idée comme tu dis ! Ca reste intéressant de visiter des capitales / grandes villes dans un pays, ça donne une autre idée aussi. C’est sûr qu’entre tous les paysages de dingue que vous avez vus, c’est une autre ambiance !

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    1. Oui je suis tout à fait d’accord avec toi ! Ca me semblait important de voir cet aspect-là du pays aussi et ça nous a fait une sorte de petites pauses après les endroits plus ruraux ou désert que nous avions traversé 🙂

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