Chili – L’incroyable trek du Cerro Castillo

Dans le dernier article, nous étions arrivés à Coyhaique, une des plus importantes agglomérations de la Carretera Austral. Nous ne vous en disons pas plus pour l’instant sur cette fameuse route car nous comptons vous réserver un petit article spécial sur la question ! Et effet, il y a de quoi raconter sur cette route incroyable qui va de points de vue magnifiques sur des montagnes enneigées en points de vue de fou sur des lagunes toutes bleues. Breeef, revenons donc à Coyhaique pour le moment !

Coyhaique a assez peu d’intérêt malgré le fait que la ville se trouve dans un décor naturel incroyable. On se lève tous les matins en découvrant les montagnes qui l’entoure et en imaginant le prochain trek qui nous permettra d’aller les voir d’un peu plus près. Et c’est d’ailleurs exactement ce que nous avions prévu de faire ! Au petit matin de cette nuit de camping imprévue, Shaun, notre ami américain rencontré sur le traversier que nous venons de prendre, nous raconte qu’il compte se lancer dans une randonnée de 4 jours dans le parc du Cerro Castillo à une centaine de kilomètres de Coyhaique. Nous n’avons jamais entendu parler de ce parc mais les quelques photos et informations qu’il nous montre nous convainquent en 3 minutes. Nous n’avions rien prévu pour la suite et cela faisait un petit moment que nous avions envie de nous dégourdir les jambes, cette randonnée tombe à point nommée !

Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit au Chili. Pour lire le début des aventures, c’est ici.

Nous apprenons que ce sentier de 4 jours n’est ouvert que depuis quelques années et est encore assez peu connu mais que certains l’appellent déjà le « nouveau Torres del Paine » (Torres del Paine étant probablement le parc national le plus connu du Chili et sûrement l’un des plus beaux). Nous n’en demandons pas plus !

A savoir qu’il existe aussi une randonnée à la journée depuis la ville de Villa Cerro Castillo pour aller voir l’un des plus beaux point de vue du parc !

Le fameux Cerro Castillo, celui autour duquel nous allons marcher pendant 4 jours

En quelques jours nous préparons cette prochaine aventure : nous faisons notre réserve de provision à Coyhaique où se trouve le dernier véritable supermarché de la route, nous tirons suffisamment d’argent pour quelques semaines car nous ne trouverons plus de distributeurs par la suite et nous téléchargeons les cartes de cette randonnée (toutes les infos pratiques en bas de page !) et c’est parti !

◊ En stop jusqu’à Villa Cerro Castillo

De Coyhaique, il nous faut rejoindre le village de Villa Cerro Castillo. En effet, ce trek fait une sorte de boucle autour du village : le point de départ se situe à une trentaine de kilomètre et l’arrivée rejoint directement ses quelques habitations dispersées au pied des montagnes. Il est également possible de venir de Coyhaique directement et de démarrer la randonnée le même jour, mais partisan de partir le plus tôt possible le matin pour avoir le temps et profiter du calme de la nature qui se réveille nous préférons dormir la veille à Villa Cerro Castillo. Cela nous permet aussi de laisser quelques affaires inutiles pour la randonnée sur place.

Mais les choses ne s’annoncent pas si simple ! Nous optons pour le stop et nous nous postons à la sortie de Coyhaique sur la Carretera Austral… avec 10 autres auto-stoppeurs. Ça semble compromis ! Nous patientons une bonne heure et demie en voyant tous nos autres camarades de galère partir un par un… est-ce qu’on sent mauvais ? Finalement, alors que l’on commençait à se décourager, un gros pick-up s’arrête et un papa chilien et son fils nous embarque !

Bienvenue sur la Carretera Austral !

Nous passons un super moment avec eux sur leur route pour profiter d’une belle journée de pêche. Le papa est un voyageur dans l’âme et nous partageons le même goût pour la Patagonie et les Pink Floyd. Ils font même un petit arrêt photo en haut de la grande route en lacet qui descend au village et vont jusqu’à faire un détour de 8 km pour nous déposer au centre du village. Les difficultés de la matinée sont très vite oubliées en leur compagnie !

Tout en bas, le village de Villa Cerro Castillo

Villa Cerro Castillo compte 150 habitants et n’est rien de plus qu’un regroupement de petites maisons en bois sur 2 ou 3 rues. Il y a 3 minuscules supérettes qui ne vendent pas grand-chose et un petit office de tourisme. Le village ne manque pas de charme même si quelques baraques de lotissement toutes semblables commencent à se construire en périphérie. En revanche, le cadre est incroyable ! Le fameux Cerro Castillo nous domine du haut de ses 2675 m. Ce chiffre peut ne pas paraître impressionnant mais les arrêtes noires et découpées du Cerro Castillo recouvert de son glacier le sont pourtant ! Le décor ne s’arrête pas là : la ville est entièrement entourée de montagnes qui semblent ne rien à voir à faire ensemble : de grandes montagnes recouvertes de neige à d’autres qui semblent plutôt être d’immense dune de sable dont le sommet serait recouvert de forêt.

 Un petit tour des quelques hospedajes de la ville et nous dénichons un lit chez « Gemita », une petite maison rose au toit vert pour 15 000 pesos la nuit. L’intérieur tout en bois est assez surprenant ! Nous cuisinons sur le poêle à bois de la cuisine et détaillons les médailles de rodéo accrochées un peu partout du propriétaire de la maison.

Chez Gemita

◊ Départ du trek – JOUR 1 : Las Horquetas – camping Los Turbios – 16,2 km – 5h

♦ Un peu de stop pour commencer…

Nous quittons vers 8h du matin notre hospedaje et nous nous dirigeons plein d’espoir vers la Carretera Austral pour démarrer le stop jusqu’à l’entrée du trek du Cerro Castillo. Nous n’avons pas trouvé d’informations valables sur les possibles bus pouvant nous y déposer et nos hôtes nous ont indiqué qu’il n’y en aurait pas apparemment pour ce jour-là. Sauf qu’au bout de 10 minutes sans voir une seule voiture traverser ce minuscule village, nous commençons à être un peu inquiets… surtout qu’il n’est pas autorisé de démarrer le trek après midi pour raison de sécurité (c’est la montagne tout de même et le temps peut vite tourner !).

Du coup, à la première voiture qui passe, nous lui faisons de grands signes désespérés et une jeune femme, Valeja, arrête sa minuscule voiture rouge et nous emmène avec gentillesse. Le poids de nos sacs ajoutés au notre ralentit fortement la voiture qui peine à gravir la côte permettant d’échapper à la vallée de Villa Cerro Castillo, mais nous finissons par arriver à bon port, au parking de las Horquetas, le départ du trek. Désormais il n’y a plus que nous, nos sacs à dos et la nature.

♦ On commence tranquillement

Les premiers pas sur ce chemin de randonnée (ou sur n’importe quel chemin de randonnée que l’on commence très tôt le matin, fin prêts à l’aventure, seuls dans le silence de la nature) sont assez indescriptibles ! Le soleil dore les herbes blondes qui nous entourent et nous chatouillent les mollets, nos bouteilles d’eau remplies à fond glougloutent dans nos sacs à dos qui nous paraissent bien lourds mais se supportent bien pour l’instant et nos jambes ont hâte de se dégourdir et d’entamer la journée !

Au bout de quelques mètres, nous nous arrêtons à la tente du gardien du parc afin de nous inscrire sur le registre et de payer notre droit d’entrée (23 500 pesos par personne). Le gardien, très sympa, nous renseigne sur les difficultés de la randonnée (certains endroits doivent impérativement être passés avant midi pour éviter la météo qui se dégrade souvent dans l’après-midi en montagne), sur les obligations concernant la gestion de nos déchets, sur les animaux que nous pourrons peut-être apercevoir et nous apprends que nous sommes les premiers sur le sentier ce matin-là ! Parfait, c’était exactement ce que nous recherchions et nous espérons que cette chance nous permettra de voir les quelques animaux qui ne se sont pas déjà cachés ! Des huemuls (biche locale), des guanacos, des pumas et des condors des Andes sont sensés se balader dans la réserve.

Et nous voilà parti ! Le chemin démarre par un passage dans une petite vallée recouverte de prairie. Quelques enclos en bois protègent parfois quelques vaches qui n’en font qu’à leur tête et préfèrent plutôt s’aventurer au milieu du chemin. Au loin, les montagnes encore peu hautes à ce niveau du trek restent tout de même prometteuses. Nous entrons ensuite dans un petit bois de lengas (une espèce de hêtre blanc représentative de la Patagonie, on les appelle aussi hêtres de la Terre de Feu) dont les troncs blancs, noirs et gris recouverts d’une mousse vert fluo s’espacent agréablement et projettent une ombre mouchetée sur le chemin que nous empruntons.

Une forêt de lengas

Nous alternerons ensuite par des passages de forêts ou des passages à découvert où il nous faut retrousser nos pantalons pour traverser de petites rivières. Quelques vaches à l’air revêche nous obligerons à faire un petit détour dans les sous-bois pour les éviter.

On aperçoit même un renard !

La journée est belle, nous ne croisons que 2 autres groupes de randonneurs comme nous qui nous dépassent en nous saluant gaiement. L’ambiance sur ce chemin semble très agréable, comme si ce trek encore peu connu n’était fréquenté que par des passionnés qui ont à cœur de passer le meilleur moment possible en pleine nature.

Petite pause midi de luxe !

Et puis la sieste !

♦ Au bord du Rio Turbio

Au bout de 4h de marche, nous croisons déjà le premier camping installé au cœur de la forêt. Sachant que le second est sensé être encore plus beau et ne ressentant pas encore la fatigue pour le moment nous poursuivons.

Nous arrivons finalement au milieu d’une grande vallée creusée par la rivière Rio Turbio qui bourdonne entre les pierres grises claires et dont le bruit puissant se répercute sur les parois des montagnes de plus en plus imposantes qui s’ouvrent à nous.

La fin de notre étape n’est pas loin et nous parvenons effectivement au campement de Los Turbios situé à la lisière de la forêt qui borde cette vallée. Le cadre est incroyable ! Le campement est très simple : quelques tables en bois, des petits emplacements délimités par des branches mortes entremêlés et des toilettes sèches un peu plus loin. Mais il n’en aurait pas fallut plus, nous retrouvons enfin un vrai campement en pleine nature, bien loin des terrains vides et moches où s’empilaient des dizaines de tentes où nous avons séjourné jusqu’à maintenant. Il n’y a que 2 autres tentes pour le moment et nous nous disons que nous dormirons au calme ! Nous plantons la tente à côté des derniers arbres de ce bord de forêt afin de profiter de la vue sur la rivière et la vallée.

Petit spoiler pour la suite : c’est le col El Penon qu’il nous faudra gravir le lendemain !

♦ La laguna Turbio

Il n’est que 15h et nous en avons encore dans les jambes ! Nous décidons de repartir pour une petite balade de fin d’après-midi simplement équipés de nos appareils photos pour aller à la découverte de la Laguna Turbio qui représente un crochet de 1h-1h30 par rapport au chemin principal que nous devons prendre le lendemain. Nous reprenons donc le sentier et 10 minutes plus tard, nous trouvons l’intersection qui permet de s’en détacher pour rejoindre la lagune.

La lagune se trouve en fond de vallée derrière l’immense moraine laissée par la fonte des glaciers aujourd’hui très réduits qui alimentent cette étendue d’eau. Il fait très chaud et à ce stade, le chemin n’est plus repéré que par quelques cairns : il s’agit de traverser ce grand champs de pierre qui roulent ou basculent sous nos pieds. Autant dire que ce ne fut pas évident ! Et nos chaussures tout terrain plutôt légères… montrent ici leur limite !

Enfin, nous finissons par découvrir la fameuse lagune qui était restée cachée à notre vue jusque là. D’un bleu pétant, elle s’étend, glaciale, entre deux parois rocheuses. Nous la contournons pour parvenir sur un terrain sableux au pied des glaciers. Le décor est magnifique, nous sommes seuls et le soleil commence doucement à se coucher. Ces 4 jours s’annoncent vraiment très bien !

Nous ne tardons pas trop et retournons laborieusement sur le sentier principal du trek. Cette « petite » balade aura finalement eu raison de notre motivation pour la journée et retrouvons avec plaisir notre campement ! Depuis notre départ, une quinzaine d’autres tentes ont envahi le camping. Mais n’allez pas croire que nous nous retrouvons au camping les Flots bleus un mois d’août en France : le camping est suffisamment vaste et arboré et les randonneurs passionnés et respectueux pour que l’endroit reste très calme et agréable. Tout le monde se salue, se sourie, certains partagent leur repas (cela semble assez évident… mais c’est une ambiance que nous n’avons plus retrouvé sur des treks plus célèbres dans le reste de la Patagonie !) et nous faisons la connaissance d’un couple d’allemands qui partagent notre table en bois.

Nous profitons des dernières lueurs du jours qui colorent de rose les flancs de la vallée en avalant une soupe bien chaude qui nous permettra d’affronter la fraîcheur nocturne, nous nous recouvrons de toutes nos couches de vêtements et nous nous couchons avec les poules.

Merci à Clément qui s’est levé tout seul au milieu de la nuit pour pouvoir prendre ceci en photo 😉

◊ JOUR 2 : Camping Rio Turbio – Laguna Cerro Castillo (camping de la Tetera) – 14 km, 8h

Certainement l’étape la plus belle mais aussi la plus compliquée de ce trek de 4 jours ! Nous nous levons aux aurores, avalons quelques céréales et notre chocolat chaud (ceux qui ont déjà randonné avec nous savent que c’est notre marque de fabrique !) et nous replions la tente en quelques minutes. Un dernier regard vers le Rio Turbio et la vallée encore plongée dans l’ombre et nous nous mettons en route.

♦ Un passage de col… un peu ardu !

Le sentier quitte progressivement la forêt pour monter de plus en plus entre de gros rochers jusqu’à ce que finalement nous attaquions l’ascension du col El Penon. Immense chaos de pierre entre 2 flancs de montagnes, il s’agit probablement d’un des passages techniques les plus durs que nous ayons fait dans notre vie ! De même que pour rejoindre la Laguna Turbio, ici il n’y a plus de chemin tracé, il s’agit simplement de grimper et de tracer sa propre voie en protégeant au maximum les chevilles qui en prennent un coup sur ce genre d’ascension.

C’est parti pour passer entre ces 2 montagnes !

Les balises jaunes nous indiquent le chemin

Au revoir petite vallée du Rio Turbio, ce fut une belle soirée en ta compagnie !

Le sommet du col est recouvert d’une neige étincelante glacée et nous plantons nos pas le plus fort possible dans la couche fraîche en surface pour assurer notre prise et ne pas glisser sur ce passage délicat. La traversée se fait sans problème et nous commençons enfin à apercevoir la vallée de l’autre côté.

♦ Un glacier… de très très près !

Nous commençons à redescendre mais nous sommes arrêtés par une des premières merveilles de cette journée : à notre droite, à à peine quelques mètres, un immense glacier nous domine, nous plongeant dans son ombre. Des dizaines de mini-chutes d’eau coulent de son bord inférieur le long d’une immense paroi toute lisse et rejoignent la vallée en contrebas.

Nous avons déjà eu l’occasion de nous approcher d’autres glaciers auparavant (le Pastoruri au Pérou, celui du Cotopaxi en Equateur), mais celui-ci nous fait une belle claque. Accrochant ses profonds sillons sur ce flanc de montagne noir, il n’est observable qu’ici, après presque 2 jours de marche et un passage de col particulièrement ardu. Il nous fait l’effet d’une récompense inestimable. Nous nous sentons minuscules face à cette immensité de glace blanche striée de bleue qui craque au soleil.

La redescente du col ne s’avère pas plus facile que son ascension, nous glissons sur ces grosses pierres qui ricochent loin en bas en dévalant la pente et nos genoux sont mis à rude épreuve ! Il nous aura fallut finalement près de 3h pour sortir de ce passage compliqué, mais nous ne sommes pas peu fiers !

Nous poursuivons dans cette nouvelle vallée entrecoupée de forêts de lengas et nous descendons de plus en plus au cœur de bois calme et frais. Une trouée dans les arbres permet de temps en temps d’apercevoir de nouveaux sommets… et puis de nouveaux glaciers ! Nous devenons insatiables de voir ces immenses blocs de glaces apparaître par surprise derrière nous et nous éblouir !

Et un autre « petit » glacier !

♦ Camping de la Tetera au pied du Cerro Castillo

En fin de journée, nous parvenons enfin au camping de la Tetera, bien fatigués cette fois-ci ! Contrairement à Los Turbio, il n’y a aucune installation spécifique à la Tetera (y compris de toilettes) et l’ambiance y est donc encore plus sauvage ! Des tentes sont déjà installées parmi les arbres sur ce morceau de plaine encaissée entre le fameux Cerro Castillo et le col que nous venons de traverser. Le cadre est absolument incroyable, il s’agit certainement du plus belle endroit où nous ayons dormi dans notre vie, ce camping surpasse de loin n’importe quel hôtel 5 étoiles !

Au choix, en tournant à 360° autour de nous, nous avons la vue sur le Cerro Castillo et ses 2 675 m d’altitude qui se dore peu à peu dans la lumière du soir, sur le mont dont nous venons de traverser le col ou encore sur la jolie petite rivière en contrebas où nous allons chercher de l’eau.

Le col du Penon

Nous calons notre tente au maximum entre les arbres histoire de nous protéger le plus possible du vent frais que nous redoutons pour la nuit. En effet, ce camping est souvent considéré comme le plus froid de ce trek ! Nous faisons la connaissance de Jesse, un écrivain américain qui partage un peu de ses pâtes avec nous tout en s’émerveillant de la journée que nous avons tous passée. Il sort un petit carnet en cuir et je ne peux m’empêcher d’imaginer l’article qu’il pourrait écrire à partir de l’aventure de ce trek.

Cette nuit-là, nous aurons sûrement un des plus beaux ciel étoilé de ce voyage.

◊ JOUR 3 – Camping la Tetera – Camping Neo-Zelandes – 10km, 6h

Nous nous réveillons avec le soleil qui se projette directement sur le Cerro Castillo lui donnant une incroyable couleur orange vif. Ce levé de soleil est vraiment incroyable ! La magie ne dure que quelques instants mais nous en sommes les spectateurs privilégiés.

Nous plions le camp et sommes cette fois-ci parmi les premiers à quitter le campement. Nous rejoignons très vite depuis le camping la Laguna du Cerro Castillo, toujours d’un bleu étincelant, résultat des eaux de fonte du glacier.

♦ Le glacier du Cerro Castillo

Le chemin se poursuit à flanc de moraine en direction du petit col situé juste à côté du sommet du Cerro Castillo. Et c’est reparti pour escalader du caillou ! Le chemin n’est plus repéré que par des balises jaunes fluo qui permettent de savoir où nous en sommes mais encore une fois, il n’y pas de question à se poser, il suffit de monter ! Nos semelles souples commencent vraiment à souffrir sur les arrêtes pointues des rochers, mais peu importe car comment dire… nous en prenons plein les yeux ! En effet, ce chemin permet de s’approcher de plus en plus du glacier du Cerro Castillo jusqu’à en discerner chaque ombre, chaque creux et petites bosses de glace.

Nous avons presque l’impression de pouvoir le toucher du doigt. Nous l’entendons craquer et sentons la brise fraîche venant du glacier passer sur nos visages crasseux et en sueur, jamais nous n’avions expérimenté un glacier aussi intensément ! Nous prenons notre temps pour parvenir au col, regardant chaque facette de l’immense vallée qui s’entend derrière nous et sachant que nous allons bientôt la quitter et tourner la page de cette fantastique nuit dans un endroit fabuleux.

Mais le spectacle n’est pas encore finit. Au sommet du col, nous avons une vue à 360° totalement inespérée. Nous découvrons alors l’immense vallée de l’autre côté traversée par une large rivière qui mène tout droit au village de Villa Cerro Castillo. Les montagnes nous entourant semblent infinies, il y en a toujours, toujours plus. Nous ne sommes bien sûr pas très haut en altitude mais nous avons tout même l’impression d’être sur le toit de ce morceau du monde. Un dernier regard en arrière et nous entamons la redescente de l’autre côté du col.

Voici un paysage typique de Patagonie !

Au revoir le Cerro Castillo !

Celle-ci s’avère tout aussi difficile que la veille, nous glissons sur ce sol composé de morceaux d’ardoise et peinons à protéger nos genoux. Un cri d’une randonneuse derrière nous nous alerte et nous nous retournons pour savoir ce qu’il se passe. Elle réapparait après quelques instants, cachée derrière des rochers : tout va bien, elle était simplement en train de chanter « Sunny » de Marvin Gaye pour se donner du courage !

♦ Le dernier morceau du sentier

Le sentier se termine par une longue descente sur une pente sableuse qui serpente dans une petite forêt. Nous rejoignons alors le camping Los Porteadores qui pourrait être une bonne fin pour cette étape. Mais nous décidons de continuer ! En effet, un autre camping, le Neozelandes se trouve à 1h30-2h de là, tout prêt d’une autre lagune au pied du Cerro Chocolate (autant vous dire que je l’ai beaucoup aimé celui-là !). Il ne s’agit pas de la suite du sentier mais d’un aller-retour à effectuer entre les 2 campings pour pouvoir poursuivre.

♦ Un dernier bout de forêt vers le camping Neozelandes

La montée au Neozelandes est relativement facile et tout le sentier traverse une forêt. Toutefois, la fatigue commençant à s’accumuler au bout de 3 jours, autant dire que je n’en pouvais plus à ce moment-là ! J’en étais parvenu au point où le chemin ne me semble plus du tout intéressant et où il s’agit juste de marcher encore et encore jusqu’à son point d’arrivée et rien d’autre (ce n’était pas vraiment rationnel car objectivement, cette forêt reste tout de même très belle !). A 2 reprises, je me suis arrêtée, ne voulant plus faire un pas en avant et songeant à camper sur place ! Ces moments-là sont les plus frustrants lors d’un trek mais ce sont aussi ceux où sa volonté est mise à l’épreuve et où c’est une occasion de voir de quoi on est capable !

Le Cerro Chocolate

Le chemin était jonchée de centaines de milliers de ces grosses chenilles velues !

♦ La Laguna Duff

Sauf que… on allait toujours pas s’arrêter là ! Eh oui, encore une fois, il y a toujours quelque chose de plus à aller voir ! Et cette fois, il s’agit de Laguna Duff (2,5 km du camping). Nous décidons d’y aller le soir-même, notre tente plantée pour pouvoir repartir directement le lendemain. Et c’est reparti, 1h30 de montée caillouteuse… je crois que cette derrière balade fut peut-être celle de trop ! En chemin, nous croisons d’autres compagnons de voyageurs avec qui nous avons fait ces 3 jours de trek et tout le monde semble un peu abattu ! Enfin, nous arrivons au pied du front d’une moraine… qui en cache une autre ! Et finalement la fameuse lagune. Elle est très belle oui, mais on était un peu trop fatigué pour en profiter !

Du caillou, plein de cailloux !

La Laguna Duff

Ce soir-là, nous nous sommes offert un petit repas luxueux : un paquet de pâte complet avec de la sauce tomate, parfait pour nous remplir et nous nous couchons… à 20h30 !

◊ JOUR 4 : Camping Neo Zelandes – Villa Cerro Castillo – 14,3 km, 4h

Dernière journée, c’est le chemin du retour ! Nous retraversons la forêt jusqu’au camping de Los Porteadores avant de poursuivre sur la dernière portion du sentier qui se poursuit dans ce mélange de forêt et de sable en pente douce. En à peine 2h, nous parvenons au poste du gardien qui marque la fin du sentier et nous enregistrons notre sortie.

En inscrivant notre nom sur ce bout de papier et notre heure de sortie, nous sommes envahi d’une sorte d’immense sentiment de fierté et en même temps nous avons l’impression de terminer une incroyable aventure qui nous aura emmené bien plus loin qu’une simple randonnée en pleine nature. Nous avons l’impression d’avoir beaucoup appris et peut-être aussi changé un petit peu au cours de ces 4 jours qui nous auront à la fois mis à rude épreuve mais aussi nous auront aussi fait passer parmi toutes sortes d’émotion devant les paysages incroyables que nous avons vu.

Les 7 km de petite route au milieu des champs qui nous ramènent jusqu’à Villa Cerro Castillo sont une sorte de sas de décompression entre cet univers à part au milieu des montagnes où nous avions perdu toute notion d’un extérieur et le retour à notre voyage et ses impératifs.

Ce trek reste à ce jour l’un (si ce n’est « le ») plus beau trek que nous ayons fait dans notre vie. Chaque journée est totalement différente et nous en a mis plein la vue ! De la forêt aux montagnes, on passe par tous les types de sentiers. Relativement nouveau, il y avait suffisamment peu de monde avec nous sur ce sentier pour se sentir seuls en pleine nature mais suffisamment de personnes pour apprécier les quelques rencontres sur le chemin. Je croise les doigts pour qu’il reste ainsi, fréquenté par une poignée de gens en totale adéquation avec l’esprit de respect et de partage de la randonnée afin qu’il puisse réserver d’aussi belles aventures encore et encore !

◊ Info utiles pour préparer le trek

  • Carte et détail du parcours : nous avons beaucoup utilisé le site de Adventure Alan. Il est en anglais mais les étapes sont vraiment bien détaillées et on y trouve les liens pour télécharger les cartes de la randonnée sur l’application Gaia (que nous avons par ailleurs découverte en faisant ce trek) ainsi que les profils en travers. Jusqu’à maintenant, nous n’utilisions que maps.me, nous aidant d’une carte papier lorsqu’elle existait (…c’est-à-dire quasiment jamais). Mais Gaia est une vrai application pour carte de randonnée !
  • Ce trek peut aussi se faire en 3 jours en coupant la dernière étape (en n’allant pas jusqu’au camping Neozelandes mais en continuant directement vers Villa Cerro Castillo)
  • Mieux vaut faire ses provisions à Coyhaique : il n’y a pratiquement rien d’adapté à une randonnée sur plusieurs jours dans les mini-markets de Villa Cerro Castillo !
  • Nous recommandons l’usage de bâtons de randonnée ! N’en ayant pas, nous avons pu nous en faire un avec un bout de bois mort trouvé au début de la rando, mais il y en a assez peu de suffisamment solide pour assurer une sécurité.
  • Coût d’entrée : 23 500 pesos par personne pour 3 jours ou plus (le coût est moins élevé si vous ne faites une rando qu’à la journée)
  • Il y a à chaque étape 2 campings possibles souvent séparés d’une vingtaine de minute de marche. Le deuxième camping est souvent le plus beau 😉
  • Le chemin est plutôt bien balisé, il n’y a pas vraiment moyen de se perdre si on est un peu observateur !
  • Prévoyez des protections solaires (crème, casquette, lunettes) mais aussi de quoi avoir bien chaud la nuit ! Pour dormir tranquille, il faut au minimum un bon duvet de 0-5°.
  • C’est une randonnée que nous avons trouvé plutôt difficile (parties assez techniques, étapes relativement longues, beaucoup de cailloux, grand froid pendant la nuit). Attention avant de s’y lancer si vous êtes débutant ! Toutefois, ce n’est pas non plus infaisable si on est prêt et aucun risque de vertige !

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Bonne route !

14 réponses sur “Chili – L’incroyable trek du Cerro Castillo”

  1. Ah ça a l’air trop sympa, on est à Coyhaique en ce moment même avec la copine avec qui je voyage. On va peut-être faire ça aussi ! Merci pour les infos, super article!

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    1. Mais de rien ! C’est justement pour faire découvrir cette rando incroyable que j’ai écrit cet article. Si vous ne pouvez pas faire le trek de 4 jour la randonnée à la journée jusqu’a la laguna du Cerro Castillo est déjà exceptionnelle !

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  2. Merci pour ces informations et ces belles photos Marie!! Après un mois dans la ville de Villa Cerro castillo je me l’attaque la semaine prochaine (je me l’étais gardé pour la fin!) .

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  3. Oui c’est vrai que j’aurai du plutôt dire village. J’ai pu faire un volontariat ! Région nickel, paysage puissant… Il y a beaucoup de neige encore sur le Cerro en cette période je vais devoir prendre un peu plus d’équipement en conséquence mais ça devrait le faire. Merci et bonne continuation à toi

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