Equateur – 3 jours dans le refuge forestier du volcan Pasochoa

Au départ de Quito et après avoir gravi notre premier sommet au-dessus de 4000 m (le Guagua Pichincha que nous vous racontions ici), nous avons été pris d’une envie subite de montagnes et de volcans, de sommets, toujours plus de sommets ! Et là, lors d’une soirée de recherche sur nos prochaines balades, nous sont venues des réflexions qui nous auraient semblées totalement absurdes avant de partir : « Mouais, faire un sommet à 4200 m maintenant qu’on a atteint les 4600 m, c’est quand même un peu nul maintenant… ». Aujourd’hui, on se sent bien bête d’avoir pu raisonner comme ça !

En en discutant avec d’autres voyageurs, nous nous sommes rendus compte que ce n’était pas singulier d’avoir ce genre de réflexions et que lorsque l’on attaque à faire des treks, une sorte de folie des grandeurs s’empare de nous et nous pousse à vouloir aller toujours plus loin, toujours plus haut, toujours plus dur ! Bien sûr, cela a l’aspect positif de toujours chercher à se dépasser, mais il ne faut tout de même pas oublier que l’on peut prendre également beaucoup de plaisir à découvrir les coins qui ne sont peut-être pas, à première vue, les plus spectaculaires, les plus renommés, les plus courus ! Nous avons rencontrés quelques voyageurs ne venant en Équateur que pour quelques jours, cherchant à tout prix à monter le plus haut sommet même s’ils n’avaient ni l’équipement, ni l’expérience, ni l’acclimatation à l’altitude, alors qu’ils auraient sûrement pris plus de plaisir dans des lieux plus accessibles mais aussi plus sauvages car moins connus. C’est la leçon que nous avons apprise après avoir passé 3 jours absolument géniaux dans le « Refugio de Vida Silvestre Pasochoa » qui abrite le volcan Pasochoa qui culmine à 4230 m.

Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit en Équateur. Pour lire le début des aventures, c’est ici.

Situé tout près de Quito (45 minutes de bus depuis le terminal de « Marin » et direction Amaguaña – vous pouvez demander au chauffeur de bus de vous laisser devant la route qui mène à l’entrée du parc !), nous avions lu qu’il était possible de faire une excursion à la journée pour gravir ce volcan. Toutefois, comme nous n’avions aucune envie de nous presser en nous levant à 5h du matin pour avoir le temps de faire l’aller-retour depuis Quito, nous avions prévu d’y passer 2 nuits : une première nuit pour arriver tranquillement, nous installer et être prêts à nous lever tôt pour l’ascension du volcan, une seconde pour nous reposer après cette aventure et repartir de plus belle.

◊ Installation dans la réserve naturelle

Le bus nous a donc déposé à l’entrée du chemin serpentant à travers champs et conduisant jusqu’au parc vers midi. De là, après un petit sandwich sur les marches de l’église qui marque le début du chemin conduisant au parc (repérée sur google map en tant qu’ « Entrance to Wildlife Reserve Pasochoa« ), nous avons commencé à marcher les quelques kilomètres nous séparant de l’entrée du parc, nos sacs chargés de suffisamment de nourriture pour tenir 2-3 jours. Nous sommes passés au milieu de grands champs où paissaient tranquillement des vaches (qui ressemblaient beaucoup à des vaches normandes, nous avons bien failli oublier où nous étions !) et une gentille famille d’équatorien nous a fait avancer de quelques kilomètres en nous prenant à l’arrière de leur pick-up. Arrivés à l’entrée du parc en fin d’après-midi, nous nous renseignons auprès du gardien pour savoir où nous pouvons camper. Et là, nous apprenons avec bonheur que non seulement le camping dans le parc est gratuit mais qu’en plus, vu qu’il n’y a personne, nous pouvons nous installer où nous voulons ! Nous nous installons donc stratégiquement sous l’auvent des sanitaires ce qui nous permet d’être protégés de la pluie, d’avoir accès à l’eau courante et à une lumière le soir ! En plus, surprise, les prises électriques fonctionnent… cela remet en question pas mal de camping payant que nous avons pu tester !

Nous profitons des dernières lueurs du jour pour nous renseigner sur notre randonnée du lendemain (le sommet du volcan Pasochoa) et pour visiter le mini-centre d’information sur la faune et la flore du parc. Apparemment, les espèces à l’honneur ici sont les oiseaux ! Après un léger repas de lentilles au réchaud, nous nous couchons tôt, décidés à partir au point du jour le lendemain matin.

Petite note : les conditions en montagnes sont toujours extrêmement changeantes et il n’est pas rare de voir un orage éclater dès le début d’après-midi… le mieux est donc si possible de parvenir au sommet de votre ascension avant midi pour pouvoir redescendre tranquillement sans aucun risque. Mais l’ascension du Pasochoa depuis l’entrée du parc est très longue, il nous a fallu presque 5h pour parvenir au pied de la dernière paroi rocheuse, donc il faut vraiment partir le plutôt possible, si possible avant 7h du matin !

◊ L’ascension du Pasochoa

Nous nous levons à 5h30 alors que le soleil commence tout juste à réchauffer la petite clairière où nous avons installé notre campement. Les doigts un peu engourdis par le froid, nous préparons un solide petit déjeuner (mueslis et chocolat chaud) et bouclons les dernières affaires de notre sac pour la journée (qui est globalement le même que celui que nous avions préparé pour le Guagua Pichincha). Il est temps de partir !

Le soleil se lève… c’est parti !

L’ascension démarre par 2h de montée relativement facile dans la forêt. Nous passons progressivement des eucalyptus à la forêt primaire et nous écoutons attentivement les dizaines de chants d’oiseaux différents qui nous accompagnent. Nous commençons aussi à entendre d’autres personnes derrière nous, nous pensons à des randonneurs sauf qu’il s’agit de 5 équatoriens (2 hommes et 3 femmes pas tout jeunes) qui grimpent comme nous, mais équipés d’immenses seaux. Lorsqu’ils nous dépassent, nous en profitons pour leur demander ce qu’ils font et ils s’avèrent qu’ils comptent grimper quasiment au sommet du volcan pour pouvoir aller chercher des myrtilles à l’occasion des festivités de la Toussaint ! Eh oui dans ce pays on monte à plus de 4000 m tranquillement pour aller chercher des myrtilles…

Nos cueilleurs de myrtilles sont devant !

Après cette montée forestière (oui, oui, ça se dit), nous parvenons à la crête ouest du volcan qui offre déjà une magnifique vue sur la vallée habitée environnante. Et nous continuons à grimper ! A partir de là, non seulement le chemin se fait beaucoup plus pentu mais aussi plus sauvage. Nous avons l’impression d’être les premiers à passer de l’année tant la végétation semble avoir repris sa place et commence à le recouvrir (le sentier reste néanmoins visible et facilement suivable). Puis, après une autre butte et une autre grimpette, nous parvenons toujours plus haut en suivant le pourtour du cratère éventré, qui laisse d’un côté voir l’herbe rase des hauteurs équatorienne, et de l’autre la foret primaire entièrement sauvage à l’intérieur du volcan, un contraste époustouflant ! Nous apercevons le sommet, il semble n’être plus qu’à une petite heure de marche.

On arrive !

Mais là, sur le coup de 11h30, une décision s’impose. Nous voyons de gros nuages noirs s’amonceler au-dessus du sommet du Pasochoa et nous commençons à nous poser des questions sur la suite des opérations. Nous décidons de nous arrêter pour manger, le temps de voir la tournure du temps et de savoir si nous pouvons nous permettre de continuer. En effet, cela fait presque 1h que nous marchons sur cette crête et il faut donc prévoir le temps nécessaire de rebrousser chemin pour redescendre et se mettre à l’abri si l’orage éclate.

Ouuh les méchants nuages….

Pause déjeuner !

Finalement, les nuages si menaçants ne semblent pas avoir tellement envie de percer pour le moment, et surtout ne sont pas annonciateurs d’orages, et nous décidons donc de continuer notre route, bien décidés à atteindre le sommet du Pasochoa. Mais au bout de quelques minutes, la pluie se met à tomber, mais nous ne nous arrêtons pas pour autant. Nous parvenons finalement à une petite corniche à une dizaine de mètre du premier sommet permettant de rejoindre le sommet du Pasochoa en tant que tel. Sur cette corniche, nous découvrons les vestiges d’un campement et nous nous imaginons à quel point cela doit être à la fois extraordinaire et effrayant de dormir là, sur un rebord d’1m50 de large perché dans le vide !

L’immense cratère recouvert de forêt primaire

Nous cherchons la suite du chemin… qui consiste en un mur d’escalade, accessible via une vieille corde éffilochée. La pluie commence à rendre la roche glissante mais nous tentons tout de même de voir ce qu’il est possible de faire… hélas, soit nous ne sommes pas assez courageux, soit nous sommes trop prudents (au choix selon votre humeur), nous décidons de laisser tomber, ne voulant pas tenter une escalade sur un mur glissant avec une corde qui semble avoir fait son temps depuis belle lurette. Ce sommet m’a encore échappé (de 50 malheureux mètres…), mais peu importe puisque la vue d’ici est déjà incroyable… Nous profitons du spectacle de la brume remplissant le cratère de ce volcan depuis notre petite corniche en écoutant la pluie dégringoler le long de la roche avant de reprendre notre descente.

La fameuse corde ou la suite du voyage…

Il va falloir redescendre…

Il nous aura fallu presque 5h pour parvenir jusqu’ici et nous mettrons 2h30 à tout redescendre jusqu’à notre campement, remplissant nos chaussures de pluie.

◊ Deuxième jour au Pasochoa : repos !

Après une nouvelle nuit passée à écouter les drôles de bestioles qui hantent la forêt autour de notre campement (pas mal de grenouilles qui semblaient répéter un opéra), nous étions sensés repartir dès le lendemain direction Latacunga, porte d’entrée vers d’autres volcans. Mais au final, l’endroit, le calme et notre campement au milieu des montagnes nous ont tellement plut que nous nous sommes accordés une journée et une nuit supplémentaire où nous n’avons simplement…. rien fait ! Pour notre deuxième jour dans le parc, nous avons simplement profité du bonheur d’être en pleine nature, au milieu des montagnes, sans un bruit autre que ceux du vent dans les arbres et des abeilles dans les fleurs (oui, c’était très bucolique) et nous avons passé la journée à lire, jouer du ukulélé et regarder les changements de couleur des reflets du soleil sur les montagnes.

Activité couture (réparation de pantalon) et séchage de vêtements !

Bien qu’il n’y paraissait pas avant de s’y rendre, au final ces 3 jours au Pasochoa sont gravés dans notre mémoire comme un souvenir génial où nous avons pris le temps de profiter d’un lieu naturel pour ce qu’il est, sans croiser personne (à part quelques cueilleurs de myrtilles !) !

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Bonne route !

6 réponses sur “Equateur – 3 jours dans le refuge forestier du volcan Pasochoa”

  1. 4000 m pour aller chercher les myrtilles! les gens du village doivent être sportifs! belle aventure en tout cas, les photos sont superbes malgré les nuages qui menaçaient ! Et la dernière photo avec le coucher du soleil, sublime! des bisous!

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      1. Haha on ne se rend jamais compte de ce qu’on a sous les yeux malheureusement! En tout cas le principal c’est que vous ayez adoré ce moment 😀

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  2. Hahaha l’histoire des myrtilles !!! Et dire que j’ai parfois la flemme de me bouger jusqu’au supermarché d’à côté s’il me manque un truc, rolalala 😉
    Je n’aurais jamais continué la marche avec le bout d’escalade à la corde, haha ^^ » Donc j’opte pour l’option « vous avez été prudents » 😉

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    1. Ahaha, merci, je pense qu’on a bien fait ^^ Mais sur le moment, à 10 m près, tu te poses sérieusement la question ! Mais ça ne sert à rien d’être trop téméraire et de trop risquer !

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