Les 700 merveilles du monde – Les églises de Chiloé

Nous vous avons parlé de l’ile de Chiloé dans cet article, cet endroit hors du temps regorgeant de trésors naturels et culturels. Mais ce qui fait la renommée à l’internationale de l’île, et qui lui donne tout son caractère, ce sont ses innombrables églises en bois, témoins du passé de l’île mais aussi de son présent.

Dans les années 1600 la congrégation des jésuites débarquent sur l’ile et s’entreprend à évangéliser les autochtones, qui sont un peu loin de Rome et des bons préceptes de l’Église catholique. Les jésuites décident de doter chaque paroisse d’un lieu de culte afin de créer une véritable vie communautaire centrée autour de ces églises.

Chaque famille fabriquait son petit prie-dieu (c’est le non de ces drôle de chaises ou l’on s’agenouille pour prier)

Ce seront les pécheurs aborigènes : les Huiliches (une sous-culture de la peuplade Mapuche), qui vont construire ces églises dans chaque commune, dans chaque village, dans chaque minuscule hameau.

Même certaines tombes s’habillent de petites chapelles

Les Huiliches ne sont absolument pas un peuples de constructeurs de monuments, et encore moins un peuples de tailleurs de pierre. Ils vont donc les réaliser à l’image de ce qu’ils savent construire : leurs maisons en bois et leurs bateaux.

Il n’y a pas que les églises ! Pour construire ce pont les Huiliches ont utilisé une coque de bateau, tout simplement

On reconnait dans chaque voute de nef la forme des coques de navires luttant contre les tempêtes des eaux australes.

Les membrures des charpentes aussi sont réalisées comme l’ossature solide de bateaux renversés, tandis que les façades sont parées de lamelles de bardage comme une coque d’embarcation.

Comme pour la construction des bateaux, on utilisait des tronc naturellement courbés par les vents venant de l’antarctique. Cela permet d’utiliser des pièces de bois fines exploitant leur résistance naturelle, plutôt que d’énormes poutres assemblées

La courbure naturelle du bois fut aussi utilisée pour accentuer la grâce architecturale des édifices

Bardage pour les murs et tavaillons pour les toits, ces parures de bois ont traversé 500 ans d’histoire en ne prenant que la patine naturelle du temps

Et pour parfaire cela et protéger le bois des rigueurs du climat austral, les églises vont se voir recouvrir de la seule peinture disponible : les épaisses peintures à bateau aux couleurs vives, qui permettaient à chaque embarcations de se faire voir et reconnaitre dans les brumes des matinées australes. Associé aux maisons tout aussi colorées c’est un véritable festival de couleur éclatantes au cœur de la nature patagonne, qui ne sombre pourtant jamais dans le mauvais gout ostentatoire.

Les Huiliches vont aussi se charger de la décoration des églises, et vont développer un art religieux qui va influencer toute la culture de l’île.

Des fois on reconnait un vrai talent dans le travail du bois, mêlé aux croyances uniques de Chiloé

Des fois on admire l’effort de simple pécheurs pour réaliser des œuvres d’art touchantes

Des fois on se dit que certains devaient être très bon à peindre des bateaux… mais pas d’autres choses

Ces églises sont des merveilles d’ingéniosité, en témoignent les colonnes : face à la rareté des gros troncs droits les artisans locaux ont fabriqué des colonnes classiques comme des tonneaux, creuses et en lames de bois sanglées ; et les charpentes des édifices, qui s’élèvent avec beaucoup de finesse tout en étant assemblées sans aucunes pièces métalliques, intégralement avec des chevilles en bois (du moins pour les églises les plus anciennes).

Tout un mouvement de préservation et restauration de ces églises en bois a été lancé sur l’île, et les savoirs faire ancestraux ont été étudié, compris et reproduits

Les poutres d’origine portent les traces de leur découpe à la hache

Seize de ces églises sont aujourd’hui inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO, car elles sont les témoins d’un savoir-faire exceptionnel.

Rilán

Chonchi

Nercón

Tenaún

Et on remercie le bus de touriste qui s’est dit que ses passagers ne pouvait par parcourir les 50m les séparant du parking à pied… Au moins il est assorti a l’église !

San Juan

Chonchi

Colo

C’est personnellement ma préférée, je la trouve admirablement équilibrée architecturalement, tout en étant beaucoup moins grandiloquente. On ressent le travail passionné des pêcheurs Huiliches, qui a donné a cette église son atmosphère de lieu secret, doux et hors du temps

L’église de Castro, la plus grande « ville » de l’île, est un incroyable chef d’œuvre. Sous ses airs de gros gâteau de mariage au gout douteux, l’intérieur dévoile une véritable merveille architecturale.

Castro

Là où l’intérieur des autres églises ont aussi été peints aux couleurs vives restantes dans les pots de peintures à bateaux, l’église St-François de Castro a été laissée en bois nu, et l’intérieur rayonne de la douceur et de la chaleur de ce matériau. Quand le soleil inonde la nef le lieu devient véritablement magique, une véritable merveille du monde !

L’archipel compte aujourd’hui plus de 300 églises, car la tradition initiée en 1600 a perduré et les Chilotes (habitants de Chiloé) ont continué à construire et reconstruire des églises  jusqu’à aujourd’hui.

Cette église date de 1983 par exemple

Tandis que celle là date d’un temps ou le bon goût s’était absenté de l’île…

Et voici l’église la plus moderne que nous ayons croisé, tellement récente qu’elle était encore en construction !

Car le travail du bois reste le quotidien pour les Chilotes (les habitants actuels de Chiloé), et même si l’île se couvre aujourd’hui de villa et maisons de vacances modernes, le béton et le plastique restent minoritaires face à une tradition tenace.

Plus surprenant encore, les Chilotes continuent à construire leur nombreux bateaux de pêche intégralement en bois, sans métal ni fibre de verre ! Et pourtant ils maintiennent une pêche efficace et compétitive face à une industrie de la pêche globalisée et hyper modernisée.

Nous avons passé un moment incroyable à observer les gestes ancestraux des constructeurs de bateaux, qui n’ont que quelques scies et palans électriques comme seules aides, et qui calfatent encore les bateaux à la main pendant des heures (remplissent chaque jointure du bateau d’étoupe et de résine pour étanchéifier la coque).

A gauche un homme calfate le navire, il va ainsi étanchéifier chaque jointure de cet immense navire avec un simple burin

A travers ces constructions de bois ce n’est pas simplement une tradition artisanale qui se dévoile, mais bien la capacité de toute une culture à conserver des traditions et un mode de vie efficient et pérenne, tout en étant pleinement intégré dans le monde moderne. L’île de Chiloé nous livre là un véritable enseignement alors que ces questions sont plus que jamais d’actualité face à l’impasse de notre modèle de société.

A bientôt pour de nouvelles merveilles !

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2 réponses sur “Les 700 merveilles du monde – Les églises de Chiloé”

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