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L’une des images les plus iconiques de Cuba ce sont certainement les dizaines de vieilles voitures américaines qui arpentent les rues de la Havane, mais aussi de tout le reste du pays, de jour comme de nuit dans des vrombissements de tonnerre et des nuages de fumée bleue.
Symboles absolus du rêve américain des années 50, ces monstres de métal ont été importés par centaines sur l’île quand le pays était sous la coupe du dictateur Batista et que Cuba était le lieu de villégiature préféré des riches américains, Hemingway en tête.
La révolution menée par les guérilleros de Fidel Castro, dont le fameux Che Guevara, est venu mettre fin à cet âge d’or. Les années suivantes ont été très dures pour les Cubains, et malgré des cargaisons entières de Lada importées d’URSS, le manque de voitures disponibles était criant. C’est donc à cette époque que les Cubains ont commencé à entretenir et bricoler les américaines pour les conserver aussi longtemps que possible, tout simplement par nécessité.
Une Lada, quand on en a vu une on les a toutes vues…
Le symbole de la guerre froide : l’exubérance inutile du gouffre à essence américain face à l’austérité totale de la Lada russe
Ces années de pénuries ont créé aujourd’hui le plus grand musée de voitures américaines à ciel ouvert du monde. Plus de 50 000 de ces morceaux d’histoire, appelés « almonderos » – amandes – pour leurs formes rondes, circulent aujourd’hui sur l’île. Et vu que la moindre voiture moderne importée coûte près de 200 000 $ sur l’île (!) elles sont encore utilisées quotidiennement par les Cubains.
Au cœur de la vieille ville, près du Capitole (copie du Capitole américain, « petit » cadeau des USA à la grande époque américaine) se trouve les voitures les plus rutilantes alignées en rang d’ognon. Ces dizaines de Cadillac, Pontiac et Oldsmobile décapotables, rose bonbon ou bleu azur, vous attendent tous chromes dehors pour faire un tour touristique de la vieille ville, au tarif touristique lui aussi !
Les voitures qui ne sont pas décapotables mais qui sont encore en très bon état servent de taxi « directo », elles transportent touristes et Cubains aisés entre les quartiers de la ville sur des longues distances.
Le Malecon, cette immense voie rapide qui longe toute la ville le long de la mer, est leur terrain de prédilection et c’est une véritable armada de Plymouth, Dodge, Chevrolet, Chrysler… qui y circulent nuit et jour.
Le Malecon, derrière le pare-brise d’une vieille Chrysler
Mais mes voitures préférés ce sont les « collectivo », ou taxis collectifs. Ici ce sont les mêmes vieilles guimbardes Américaines, mais qui ont été tellement rafistolés qu’on se demande encore s’il reste des pièces d’origines ! Les carrosseries ont été tellement de fois embouties et redressées que leurs surfaces ressemblent à s’y méprendre aux cratères de la Lune sous les épaisses couches de peintures plus ou moins rutilantes. Les pièces détachées proviennent de tout ce qui roule et il n’est pas rare de voir des amortisseurs de camion à l’avant et de fiat 500 à l’arrière. Quant aux moteurs ils ont souvent été remplacés par tout ce qui pouvait moins consommer que les énormes gouffres à essence originaux, et on entend souvent au coin des rues s’étrangler un moteur de Lada qui peine à déplacer les 4 tonnes d’une Plymouth modèle 54.
Séance de rafistolage pour cette vieille Dodge
Ces voitures-là, moins « touristiques », font des parcours fixes dans la Havane et s’arrêtent souvent pour décharger 7 ou 8 cubains pressés et en reprendre le même nombre qui viennent se serrer sur les immenses banquettes (sans ceinture bien entendu !). Le tarif est en monnaie locale, et si la course reste chère pour le niveau de vie locale, elle est 5 à 6 fois moins chère qu’en taxi directo.
Notre amie travaillant sur place nous a appris que suite à l’explosion du tourisme de ces dernières années et à l’enrichissement des chauffeurs de taxis qui transportent les touristes aux poches pleines, le gouvernement souhaite durcir la règlementation et l’imposition pour les taxis. Les Cubains murmurent déjà que cela ne vaudra plus le coup de s’embêter à faire le taxi collectivo bon marché à ce compte…
Il est possible que ce patrimoine incroyable et encore pleinement vivant ne se réduise plus qu’aux quelques décapotables à touristes, et que ces merveilleux trésors d’ingéniosité et de résilience, représentant si bien l’histoire tourmentée du XXème siècle, ne soient relégués à la casse…
A bientôt pour de nouvelles merveilles !
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Une réponse sur “Les 700 merveilles du monde – Les vieilles américaines de Cuba”