Equateur – Le Guagua Pichincha ou le tout premier sommet à 4 600 m de notre vie

Après notre passage à Otavalo, nous avons rejoint Quito sans trop savoir la suite du programme. Nous avons jeté l’ancre dans une auberge de jeunesse, le Blue House Youth Hostel au beau milieu du quartier du Mariscal où se concentre bars et restaurants sympa, dans laquelle nous nous sommes tout de suite sentis à la maison ! Sa grande cuisine nous a permis de pouvoir cuisiner de nouveau et de nous faire plaisir sur les repas et le salon avec billard nous a réservé de très bonnes soirées !

Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit en Equateur. Pour lire le début des aventures, c’est ici.

Au final, nous sommes restés 6 jours à Quito, sans rien faire d’extraordinaire (à part l’ascension du Guagua Pichincha dont je vous parle après !), ce qui nous a permis de nous reposer et de prévoir nos prochaines étapes ! Pas de longs détails sur Quito pour le moment donc (qui nous a intéressée… mais sans plus !), mais plutôt le récit de ce qui a été mon premier gros coup de cœur de ce voyage : l’ascension du tout premier volcan de ma vie !

Depuis Quito, il est possible très facilement de quitter la ville, le bitume, le bruit et la pollution pour retrouver une nature complètement sauvage en quelques minutes. C’est probablement ce qui nous a le plus plut à Quito, le fait de n’être jamais très loin des montagnes, de leur calme et de leur beauté.

Le téléphérique qui plonge au dessus de Quito

Depuis Quito, en quelques minutes, la nature sauvage

Nous avons ainsi pu faire une des plus belles balades, à nos yeux, au départ de Quito : l’ascension du volcan Guagua Pichincha (allez-y, dites-le tout haut sans sourire…). Nous sommes partis de bon matin après un solide petit déjeuner dans le ventre, le sac à dos prêt depuis la veille, très excités à l’idée de monter au sommet de notre premier volcan pour le téléphérique de Quito (le TeleferiQo) qui démarre à 9h00. En arrivant 10 minutes avant l’ouverture de ses portes, une petite file d’une quinzaine de personne s’était déjà formée. Au tout premier rang, un groupe d’hommes équipés pour la haute montagne, avec casque et cordes trépignent d’impatience. Eh oui, 9h00 c’est tout de même un peu tard pour démarrer une ascension ! Surtout que le temps d’acheter les billets et de gravir les 1000 m de dénivelés entre le bas et le haut du téléphérique il était déjà près de 10h00 et qu’il est déconseillé de démarrer la montée au volcan après 11h00… Conclusion : partez le plus tôt possible, c’est important de monter le matin pour éviter le mauvais temps qui s’abat souvent en montagne à partir de l’après-midi…

Nos tickets de téléphérique achetés, nous montons à son bord au côté d’un britannique, d’un brésilien, d’une suisse et de son guide équatorien qui nous décrit les différents sommets entourant Quito que nous pouvons apercevoir : le Cotopaxi (5897m), le Chimborazo (6268m) et le Cayambe (5790m).

Ces 3 volcans ponctuent la muraille de montagnes entourant Quito, dont les magnifiques sommets enneigés ressemblent à des miradors surveillant ses habitants de près. Le guide nous apprends qu’environ 1 fois par mois, un léger tremblement de terre se fait ressentir à Quito en raison des secousses volcaniques et qu’il n’est pas rare de voir le Cotopaxi émettre quelques fumées…

Le Cotopaxi (5897m)

Le Cayambe, 5790m

La vue sur ces volcans émergeant des nuages et semblant flotter dans le ciel est magique, une vue de carte postale ! Et lorsque nous leur tournons le dos pour démarrer notre randonnée, nous les sentons nous observer de loin.

Coucou toi !

Arrivés au sommet du périphérique (à 3945m d’altitude tout de même), impossible de se tromper sur le chemin à suivre, bien indiqué pour monter au sommet du Guagua Pichincha, à gauche de la cafétéria. Et nous voilà parti ! Les premiers mètres sont très faciles et nous parvenons à une petite cabane proposant des excursions à cheval sur le volcan. A partir de là, la grimpette commence ! En tout, il y aura 700m de dénivelés sur à peu près 4-5 km. Nous démarrons doucement, mesurant chacun de nos pas attentifs à notre souffle et aux symptômes de mal des montagnes qui peuvent nous surprendre à cette altitude à laquelle nous ne sommes encore jamais allés.

Début du sentier

Le départ des excursions à cheval

Mais tout se passe bien, le chemin est très facile et les quelques jours passés à Quito et à Otavalo auparavant nous ont déjà bien acclimaté. Nous ne ressentons aucun signe de mal de tête et avons simplement le souffle un peu plus court que d’habitude. Nous sommes très contents d’avoir une assez bonne condition physique et de pouvoir monter avec plaisir ! Nous montons tranquillement, un pas après l’autre, à un rythme constant, sans se presser. Le paysage se fait de plus en plus sauvage et grandiose à mesure que nous laissons Quito derrière nous. Nous marchons au sommet d’une crête entourée d’une vallée duveteuse, recouverte d’une petite végétation vert tendre. Petit à petit, au loin, nous voyons se dresser le Guagua Pichincha, haute silhouette noire à la fois austère et terriblement attirante qui disparait par instant dans les nuages.

Nous nous faisons dépasser par un homme faisant le trajet en courant (ce qui, vu notre souffle nous semble impossible !) et nous voyons en contrebas une caravane de randonneurs qui ont emprunté un chemin différent de nous mais que nous retrouverons un peu plus tard.

Vers midi, le sommet du volcan est entièrement dégagé et brille sous le soleil et nous devinons les silhouettes du groupe d’alpiniste aperçu le matin qui parviennent au terme de leur escalade à son sommet.

Déjà au sommet !

Nous les envions, sachant que nous serions incapables de réaliser la même chose et qu’il nous reste au moins 2h d’ascension. Mais nous poursuivons, nous relayant pour le sac à dos transportant notre pique-nique mais aussi et surtout tout l’équipement nécessaire pour avoir chaud lorsque nous seront encore plus haut, toujours émerveillés du spectacle de cette vallée et des hautes montagnes alentours. Pour l’instant, nous montons en t-shirt, mais vers 4200m d’altitude le froid commence à se faire ressentir. Ce qui parait fou, car nous ne pouvons nous empêcher de comparer avec nos montagnes françaises où à cette altitude, il fait déjà très très froid alors qu’ici, nous voyons encore des papillons et des oiseaux !

A ce moment-là, nous quittons ce beau chemin de crête bien large pour commencer à contourner le volcan vers la droite. Le chemin se fait plus étroit, à flanc de montagne et les premiers effets du vertige commencent à se faire ressentir pour moi qui ne suis plus très à l’aise pour continuer (c’est malheureusement mon gros problème en montagne…). Je m’accroche à la main de Clément et me concentre sur le chemin pour ne pas regarder la vallée en contrebas.

Nous parvenons finalement à une petite paroi de pierre haute de 2m qu’il faut escalader pour retrouver le chemin de l’autre côté et continuer les quelques 200m de dénivelés qu’il reste pour parvenir au sommet du Guagua Pichicha. Et c’est là que l’ascension se termine pour moi ! Pas du tout à l’aise à l’idée de monter cette paroi (et surtout à l’idée de devoir la redescendre), je préfère m’arrêter là plutôt que de risquer de me paralyser de peur au milieu du chemin à cause du vertige (ça m’est déjà arrivé, ce n’est pas drôle du tout, ni pour moi, ni pour les personnes m’accompagnant !) et je laisse Clément poursuivre accompagné de 2 français et de 2 néo-zélandais fort sympathiques jusqu’au sommet.

Je me cale sur le bord du chemin, contre une bruyère confortable, je me couvre de ma doudoune et de mon bonnet et profite du spectacle offert devant mes yeux tout en m’occupant avec un bon bouquin en attendant Clément, qui du coup, va poursuivre ce récit à ma place !

Clément : La corniche se poursuit pendant quelques centaines de mètres, avant d’arriver face à un grand cône d’éboulement ou la grimpette se poursuit à la verticale. Le souffle se fait vraiment court et malgré la vue du sommet qui se dévoile il devient difficile de continuer. Heureusement, mes nouveaux amis  Néo-Zélandais ont amenés avec eux un sachet de feuilles de coca séchées qu’ils s’empressent de distribuer à tout le monde. Tout au long de la monté cette poignée de feuille glissée à l’intérieur de ma lèvre va me permettre de retrouver un souffle normal et de sentir mes jambes se renforcer (effet placebo ? en tout cas ça m’a certainement permis de finir cette ascension).

Arrivé à un premier épaulement le cratère se dévoile, immense cirque de pierre laissant deviner les forces incroyables de la nature en jeu sous nos pieds.

Arrivée a l’épaulement

Les flancs lisses du cratère

Mais il reste encore la partie la plus difficile de l’ascension, à peu près 100m de dénivelé en escalade dans de la rocaille. Les prises sont bonnes, la face à l’abri du vent, et pouvant se faire sans équipement particulier en étant prudent. Néanmoins on voit des touristes suspendus dans le vide en train d’essayer d’accrocher péniblement les roches avec leurs chaussures de ville et on se demande combien de blessés et de morts chaque année sur ces volcans d’Équateur qui ont l’air si faciles et pourtant qui restent des itinéraires de haute montagne.

Mais bon, après ces quelques dizaines de mètres de grimpette c’est enfin le sommet, qui offre une vue époustouflante sur l’allée des volcans entourant Quito, ainsi qu’une vue en plongée incroyable sur le cratère qui s’étale dans toute sa majesté.

L’immense cratère

Le temps de prendre quelques photos et je suis déjà sur le chemin du retour pour ne pas laisser Marie trop longtemps seule. La descente s’annonce ardue avec la désescalade des roches sommitales, le regard se perdant dans le vide à-pic qui s’étend, mais s’avale finalement vite, en passant par la voie repérée à l’aller. Viens ensuite le cône d’éboulement, et si il était hors de question de monter la dedans à la montée, je vois mes Néo-Zélandais s’engouffrer dedans à pleine vitesse, et je m’empresse de leur emboiter le pas ! En effet dans cette surface meuble on s’enfonce à mi-mollet et on glisse sans risque de décrocher (au pire de finir les fesses dans le sable). Je retrouve les sensations du ski en virant à pleine vitesse dans la pente et la montée qui nous a tant fait peiner est avalée en descente en quelques minutes en criant de joie.

C’est pas l’tout mais faut redescendre !

 

Yiipikaï !

Je cours retrouver Marie, effrayé à l’idée de l’avoir laissé trop longtemps, et finalement elle est toute surprise de me revoir si tôt, en effet l’aller-retour devait me prendre 3 à 4h, et a finalement été avalé en 1h chrono !

De même, le retour jusqu’au téléférique se fera en moins d’une heure et paraît tellement plus facile que l’aller ! Nous courrons à moitié dans cette pente qui nous semble tellement plus abordables de cette manière là, soulevant de gros nuages de poussière derrière nous. Nous arrivons enfin au niveau du téléphérique, vers 15h où nous profitons des quelques autres points de vue sur Quito que nous n’avions pas vu au matin. Nous tombons d’ailleurs sur une immense balançoire placée juste au bord du flanc de la montagne qui permet de donner l’impression de s’envoler par-dessus les nuages !

En arrivant finalement au téléphérique, une grande sensation de fatigue nous tombe dessus ! Nous nous endormons presque durant les 20 min de trajet jusqu’en bas où nous retrouvons le bruit de la ville après cette journée au dessus des nuages.

◊ Préparation pour monter au volcan :

L’ascension du Guagua Pichincha est « facile » dans le sens où elle ne requiert aucun équipement technique particulier, à part de bonnes chaussures de montagnes (montantes !) et des vêtements adaptés. Néanmoins il convient d’avoir l’habitude de la randonnée en moyenne montagne, et d’être physiquement et techniquement apte à gérer des passages d’escalade. De plus, il est impossible de se tromper sur le chemin, il n’y en a qu’un ! Par contre, il ne faut pas oublier qu’on se trouve à 4000m ! Il vaut donc mieux être déjà bien acclimaté avant de la tenter (quelques jours à Quito devraient suffire !) pour éviter le mal des montagnes. S’il vous surprend tout de même : la seule chose à faire est tout simplement de redescendre !

Si vous ne vous sentez pas de faire de l’escalade n’hésitez quand même pas à monter jusqu’au pied du sommet (avant que le sentier se transforme en corniche), la vue y est inoubliable et vous serez déjà perché à plus de 4200m !

♦ Qu’est ce que j’emmène ?

Tout ce qu’il faut pour le soleil et pour le froid tout en même temps !

A 4000m, il fait froid, donc on prévoit tout l’arsenal anti-froid : gros pull, doudoune, bonnet, voire des gants (notamment pour les parties un peu escalade où on a besoin de s’aider des mains).

Mais à 4000m, les UV sont méchants ! Donc on prévoit aussi crème solaire, lunettes et casquettes ! (On avait zappé tout ça pour faire le tour de la Lagune du Cuicocha à 3800m pensant qu’il ferait seulement froid… notre cou tout pelé s’en souvient encore !)

Full protection !

Voilà. Sinon, bien sûr, de quoi manger (petits gâteaux sucrés, barres énergétiques) et de l’eau en quantité suffisante (1L5 par personne par exemple) !

Si vous voulez être au courant des dernières news/voyages/bêtises, n’hésitez pas à vous inscrire sur notre page Facebook !

12 réponses sur “Equateur – Le Guagua Pichincha ou le tout premier sommet à 4 600 m de notre vie”

  1. Génial votre article ! Les photos sont sublimes. Ça serait parfait pour moi comme rando, même si je m’arrêterais probablement comme Marie, et Monsieur poursuivrait comme Clément. Merci pour le reportage photo ^^

    J’aime

  2. Oh la la c’est à couper le souffle! La photo avec le chemin de terre et la montagne enneigée derrière est incroyable ! Vous avez du être contents de vous reposer le soir, malgré tout ça devait être sportif 😀 des bisous!

    J’aime

  3. Wah tout de même, quelle ascension ! Et certaines personnes la font en chaussures de ville ?? :O Tu as eu raison de t’arrêter quand tu t’es sentie mal. Tout le chemin avait l’air superbe en tout cas !

    J’aime

    1. Oui, nous avons recroisé sur d’autres randonnées plein de personnes avec des chaussures plates et glissantes… ça en devient dangereux ! Mais les chaussures de marche coûtent souvent assez cher =/

      J’aime

Répondre à François Annuler la réponse.