Une soif de découverte de la jungle équatorienne et de ses mystères nous a amené à poursuivre notre périple jusqu’à Tena, petite ville située aux portes de l’Amazonie ! Dans cette ville, nous sommes redescendus à une altitude proche de zéro et nous avons pour la première fois eu l’impression d’être véritablement à l’équateur puisque bizarrement, la chaleur nous est tout à coup tombée dessus !
Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit en Équateur. Pour lire le début des aventures, c’est ici.
Changement d’ambiance complet donc, puisque nous avons totalement délaissé les montagnes et les nuits frisquettes et silencieuses, pour rejoindre un coin où la végétation est luxuriante, où l’on croise des singes en villes et où la nuit promet une véritable cacophonie de bruit d’animaux et d’insectes en tout genre. Nous avons véritablement eu l’impression de changer de continent en quelques heures ! Une moustiquaire ornait la fenêtre de notre chambre et pas question de songer à l’enlever si l’on ne voulait pas se retrouver envahi de gigantesques scarabées, papillons de nuit, petit lézard ou cafard géants ! De même, pas question de laisser traîner le moindre gâteau si on ne veut pas se retrouver avec une fourmilière sur sa table de chevet le lendemain matin… L’ambiance est toute autre mais tellement passionnante : chaque insecte semble faire 4 fois la taille que nous leur connaissions, de même pour les plantes et les fleurs.
Le soir, le soleil se couche paresseusement, semblant ne jamais vouloir en finir vraiment, sur les forêts moites et brumeuses alentour, laissant de magnifiques traînées roses et dorées dans le ciel.
Alors que ce genre d’endroits mériterait des semaines d’exploration, nous n’avions que quelques petits jours devant nous, étant limités par le début de notre volontariat à Mompiche (on vous racontera ça en détail, promis !). Et n’ayant jamais mis nous même les pieds dans ce type d’environnement, nous avons préféré suivre les conseils de tous les sites internet que nous avons pu lire : prendre un guide si l’on veut pouvoir se promener dans la jungle et voir des choses ! Mais comme nous avons un tout petit budget (et qu’un guide coûte un bras, quand même), et puis aussi, il faut le dire, nous aimons bien nous débrouiller tout seul, quitte à galérer un peu, nous avions choisi l’option suivante : une première journée tout seuls comme des grands pour se rendre au refuge pour animaux AmaZOOnico (on vous en dit plus dans la suite de l’article !), et une autre journée complète avec un guide (randonnée de 4h dans la jungle à la découverte des espèces de plantes et d’animaux, et découverte d’une communauté Kichwa en éco-tourisme) pour en savoir un peu plus sur ce qui nous entoure.
Je pense que si on a suffisamment de temps devant soi et qu’on se sent à l’aise avec un environnement aussi inédit que la jungle, on peut se permettre de visiter la région seul, en étant bien informé sur les dangers potentiels (bêbêtes qui piquent, animaux sauvages, etc.). Si on a les moyens, on peut aussi se permettre carrément plusieurs jours guidés et s’offrir un dodo inoubliable au cœur de la forêt ! Pour notre part, nous sommes très content de notre compromis qui nous a permis de voir pas mal de choses en limitant les frais.
◊ Se rendre au refuge
Nous avions entendu parler de ce refuge pour animaux au beau milieu de l’Amazonie en farfouillant sur internet et avions même tenté d’y postuler pour un volontariat (le rêve absolu !), malheureusement les 15 places disponibles en tant que volontaires étaient déjà pourvues au moment où nous aurions pu y être… tant pis, l’idée de le visiter nous branchait tout de même fortement !
Pour s’y rendre, c’est un peu une expédition mais le trajet en vaut la chandelle ! Depuis Tena, on prend le bus direction Puerto Barantilla, qui en 1h30 nous fait entrer de plus en plus dans la forêt et nous fait traverser des villages de plus en plus petits, aux maisons construites sobrement en bois et en tôle. Pensant que Puerto Barantilla était un petit village, nous sommes tout étonnés lorsque le chauffeur de bus s’arrête et nous prévient que nous sommes arrivés, car nous descendons sur la route (enfin… la piste en terre), littéralement au milieu de nulle part. De l’autre côté ne se trouvent qu’un arrêt de bus et nous apercevons au loin le toit d’une unique maison. A partir de là, nous sommes censés attraper un canoé pour poursuivre le chemin sur le fleuve. Nous nous approchons prudemment de la maison et allons nous renseigner auprès de l’homme qui travaillait dans son jardin à l’arrière, ne croyant qu’à moitié au fait que nous sommes bien au bon endroit. Eh bien si, finalement, il ne semble pas du tout surpris de nous voir, et nous propose de le rejoindre quelques mètres plus bas au niveau du fleuve où il pourra nous conduire jusqu’au refuge.
Nous arrivons sur la rive d’un très large et tumultueux fleuve aux eaux troubles. Nous l’attendons quelques instants, le temps d’être rejoint par une dizaine de singes saïmiri (ou sapajous !) très curieux. Finalement, l’homme au canoé nous rejoint et c’est parti !!
Son très long bateau à moteur nous permet de rejoindre en 10 min l’entrée du refuge, qui, effectivement, ne semble relié à aucune route et n’est accessible que par le fleuve. Nous nous acquittons du droit d’entrée pour la visite (4$ par personne) et nous avons la bonne surprise d’être rejoint par un jeune volontaire français, spécialiste en primates, qui nous fait la visite du refuge.
◊ Le refuge AmaZOOnico
Nous n’avons malheureusement que peu de photos des animaux du refuge, car nous devions limiter au maximum nos contacts avec les animaux, qui restent sauvages et ne doivent pas s’habituer à l’homme.
AmaZOOnico est né du rêve du couple d’une Suisse et d’un Kichwa de créer un refuge recueillant les animaux maltraités ou abandonnés. Arrivés au refuge, ces animaux sont soignés et les volontaires, vétérinaires et biologistes tentent autant que possible de permettre leur réintégration dans leur milieu naturel en leur réapprenant à se nourrir, se protéger, et en tentant de les déshabituer de l’homme. Des milliers d’animaux ont d’ores et déjà pu être relâchés grâce à leurs bons soins !
Toutefois, la majorité des animaux que nous avons pu voir pendant notre visite ne pourront jamais être relâchés dans leur milieu naturel. Trop fragiles, ou tout simplement plus du tout adaptés à vivre seuls, ils seront désormais des pensionnaires à vie du refuge (c’est malheureusement cela qui rend la visite des touristes possibles, ces animaux sont déjà trop habitués à l’homme). Dans ces cas, les volontaires tentent de leur donner une vie la plus agréable possible. Notre guide nous a raconté l’histoire de chacun, comment il est arrivé là, ce qu’il a souffert etc… Lorsque l’on aime les animaux, il est parfois très dur d’entendre leurs histoires !
Certains étaient des animaux utilisés pour des spectacles dans la rue ou lors des tours touristiques et ont subi des maltraitances. Deux grands aras multicolores se promènent ainsi désormais dans le refuge à terre, leurs ailes cassées pour les empêcher de voler. Nous avons aussi vu un ara qui s’est lui-même mutilé en coupant sa patte qui était retenue par une chaîne afin de s’en libérer…
Nous avons ainsi rencontré une femelle anaconda adulte qui ne mesure « que » 3m, ce qui, aussi fou que cela puisse paraître, est petit pour un anaconda qui devrait plutôt atteindre les 8m et faire la largeur d’une pastèque ! Mais utilisée pour grimper sur des épaules de touristes inconscients de la portée de leurs actes quand ils financent ce genre d’attraction, sa musculature a été atrophiée et elle n’a jamais appris à chasser toute seule. Elle est donc condamnée à rester tristement dans cette cage, ne pouvant plus survivre dans la nature.
Le refuge récupère aussi des animaux qui sont utilisés comme animaux de compagnie alors que c’est interdit. Nous avons ainsi découvert 3 toucans qui ayant vécu trop longtemps au contact de l’homme et n’ayant été nourrit qu’avec des fruits pelés sont désormais incapables de se nourrir seuls dans la nature et sont devenus dépendants d’une aide humaine.
Mais le parc a aussi d’autres pensionnaires de ce genre, plutôt habituels comme des tortues de terre, et d’autres vraiment inhabituels comme 3 magnifiques Jaguarondi. Ces magnifique félins (à mi-chemin entre le puma et la loutre), une mère et ses 2 petits, étaient des animaux de prestiges retrouvés dans la maison d’un trafiquant de drogue… Le parc essaye maintenant de pouvoir les réintroduire, donc nous ne les avons pas dérangés et n’avons pas de photos, surtout qu’ils nous faisaient comprendre que nous les dérangions en faisant claquer leurs lèvres d’un air menaçant.
Des dizaines de perroquets et de tortues, qui sont vendus comme souvenirs pour les touristes, rejoignent chaque année le refuge qui réussit à reconstituer ainsi des groupes assez grands pour qu’ils puissent espérer les relâcher et que les animaux survivent. Il faut en effet une trentaine de perroquets Amazones, ces fameux perroquets verts pouvant imiter la voix humaine, pour constituer un groupe résiliant, et plus d’une centaine de tortues afin d’éviter de ne relâcher que quelques proies faciles et isolées pour les caïmans du fleuve.
D’autres animaux sont également rescapés du refuge car leur groupe a été disséminé par la chasse, les laissant seuls et incapable de se défendre suffisamment pour survivre. C’est le cas de quelques tapirs (qui ne sortent que la nuit), quelques animaux très exotiques comme une maman Coati (qui était toute triste parce que ses 2 petits étaient à l’infirmerie pour la journée), et de dizaines de pécaris. Ces petits sangliers ne payent pas de mine mais pourtant ce sont les pensionnaires les plus dangereux du parc, chassant en bande et pouvant provoquer des blessures mortelles à un humain avec la puissance de leurs mâchoires.
Là, comme ça, ils ont pas l’air bien méchants…mais attention !
Les singes ont une belle place dans le refuge, beaucoup sont là encore des rescapés des spectacles à touristes, de souvenirs vendus aux touristes, et de groupes décimés par la chasse. La plupart sont invisibles pour le public afin de ne surtout pas les habituer à l’homme (surtout que les singes sont très curieux), mais nous avons pu rencontrer 2 magnifiques singes laineux qui sont trop malades pour être un jour relâché (l’un est diminué des suites d’un AVC, l’autre à des problèmes musculaires), et un singe capucin domestiqué qui a été élevé dans un milieu violent et présente un comportement agressif. C’était un véritable crève-cœur de voir ce petit singe réagir à notre présence en grognant et montrant les dents alors que c’est une des espèces les plus intelligente au monde.
Nous n’avons pas de photos des singes malheureusement, alors voila un magnifique papillon pour vous consoler
Nous avons pu voir beaucoup de singes araignée et de petits saïmiris récupérés par le parc, et ils interagissent à travers les barreaux avec des dizaines d’autres singes sauvages de ces espèces qui vivent en grand nombre dans la forêt. Nous aurions pu aussi rencontrer Yohan, un énorme singe-araignée qui a l’habitude de se promener dans le refuge et de venir grimper sur les visiteurs. Très curieux mais gentil, il ne fait que passer, fouiller un peu, puis repart. Il rend notamment visite à sa mère, une singe-araignée qui elle se trouve dans la grande cage centrale, trop habituée à l’homme pour être relâchée. Yohan lui s’était échappé un jour de la cage mal fermée par un volontaire et aujourd’hui est la mascotte du parc, et rappelle aux visiteurs que nous ne sommes pas dans un Zoo mais dans la jungle.
Car en effet, si les cages de pensionnaires parsèment ce bout de forêt afin de les conserver à l’abri pour les soins et la réacclimatation, nous sommes ici dans leur milieu naturel, et le parc est habité par des pensionnaires libres de se balader (comme les tortues terrestres qui n’ont pas besoin de cages… ou le gros caïman soigné au fond du parc qui s’affranchit régulièrement de son bassin pour aller faire une balade nocturne dans le parc… gloups !) et traversé par des animaux sauvages, singes et oiseaux la journée (un jeune Ara sauvages est d’ailleurs tombé amoureux d’une pensionnaire et lui a fait un petit nid dans un arbre près de sa cage), tapirs et anacondas la nuit.
AmaZOOnico ne bénéficie d’aucune aide financière du gouvernement, et ses seuls revenus viennent des visites touristiques et des dons, alors n’hésitez pas à vous y rendre car les pensionnaires dévorent chaque jours de centaines de kilos de bananes ! En revanche le gouvernement travaille très efficacement à leur faire parvenir les animaux ayant besoin de la protection du refuge :
tout particulier (et notamment les touristes !) peuvent contribuer en appelant le numéro d’urgence 911 pour signaler toute situation ou un animal est montré en spectacles, vendu en souvenir, ou utilisé comme animal de compagnie.
On ne peut qu’espérer que se développe cette forme de tourisme intelligent, respectueux et permettant de développer des programmes de préservation locales. Et que les touristes refusent les spectacles de singes, serpents ou autres animaux, et n’achètent plus d’espèces exotiques (notamment les poissons). Cela vaut aussi pour les espèces que l’on peut acheter en France, puisque les perroquets Amazones, qui sont des stars des animaleries sans scrupules, sont importés par containers avec une mortalité de 90% durant le voyage…
La visite de ce refuge nous a fasciné. Tant par tout ce que nous avons pu apprendre sur les différentes espèces d’animaux rencontrées, sur leurs habitudes, leurs préférences, etc., que sur ce qui les menacent et les comportements humains qui peuvent paraître absurdes mais qui existent bel et bien et entraînent souffrances et extinction des espèces. Sur le chemin du retour, nous nous sommes sentis davantage conscients de la fragilité du monde qui nous entoure et de la nécessité, chacun à son échelle, de faire ce que l’on peut pour éviter, réparer, protéger, sauver ce qui peut l’être, que ce soit simplement en faisant le tri de ses déchets jusqu’à s’investir dans une association de protection de l’environnement. Nous en sommes ressortis également plus émerveillés que jamais devant le spectacle que nous offre ce monde : les forêts, les animaux ou la merveille d’un coucher de soleil.
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Bonne route !
Quel beau refuge ! Ça fait du bien de voir ça 💜 je suis actuellement en Thaïlande ou les spectacle avec des oiseaux, crocodiles et éléphants sont beaucoup trop courant. C’est vraiment triste à voir ! Surtout le nombre de personnes qui « m’explique » que c’est pour leur bien, sinon il serait chassé ou utiliser pour du travail… Bref ! Ton article ma fait du bien !
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Olala j’imagine le malaise devant des personnes qui t’expliquent cela… Mais il doit sûrement y avoir ce genre de refuge en Thaïlande aussi !
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Une super idée ce refuge ! Et je ne connaissais même pas tous les noms des animaux.
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Ahaha, je te rassure, moi non plus ! Nous étions bien contente d’avoir un volontaire qui s’y connaissait vraiment bien pour tout nous expliquer !
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