Nouvelles de l’auto-stop – épisode 2
Entre Coyhaique et Chile Chico, à la frontière Argentine, en passant par Villa Cerro Castillo (où nous avons effectué ce trek mythique) nous avons emprunté un morceau de la célèbre Carretera Australe !
Mais qu’est-ce donc que cette route particulière ? La Carretera Austral est le nom donné à la route no 7 au Chili. (Merci, quelle information ! Mais encore ?). Elle relie les villes de Puerto Montt et Villa O’Higgins en traversant toute la Patagonie côté Chili (1 240 km de long). Elle est parfois surnommée « Sentier Général Pinochet » car il s’agit d’une des plus grandes réalisations du dictateur (ça et d’avoir réussi à torturer plusieurs milliers de personnes pendant des années sans subir aucun jugement… un grand homme !), son objectif étant de relier les villages reculés et isolés de cette partie du Chili qui n’étaient alors que peu desservis (et accessibles uniquement qu’en passant par l’Argentine). Initiée en 1976, il ne fallut pas moins de 10 000 soldats de l’armée chilienne pour tracer cette route qui passent au milieu de paysages naturels difficiles à apprivoiser : fjords, montagnes et glaciers en pagaille.
Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit au Chili. Pour lire le début des aventures, c’est ici.
Aujourd’hui, la route est goudronnée seulement sur une partie de son trajet et est surtout bien connues des touristes ! Il est prévu dans les prochaines années son extension vers les confins de la Patagonie, vers la région de l’Antarctique chilien.
Des navettes touristiques privées et quelques bus permettent de relier les différents villages sur la Carretera Austral mais nous avons choisi de la parcourir à notre rythme plus lent d’auto-stoppeurs ! Nous avions l’envie de nous confronter de manière « organique » à cette route qui traverse des paysages incroyables ! (L’autre raison est que nous n’avions pas forcément les sous pour tout faire en bus ;)).
Voici notre parcours sur la carretera austral, quasiment entièrement en auto-stop !
◊ De Coyhaique à Villa Cerro Castillo
Nous vous avions déjà raconté cette partie de la route réalisée en auto-stop dans l’article précédent. Cette petite heure de trajet a représenté nos premiers pas sur cette route mythique et bien que nous ayons été prévenu, nous sommes tout de même resté bouche bée en la découvrant ! Nous nous imaginions une jolie route avec quelques points de vue sympa oui… mais pas à ce point ! En fait chaque centimètre de cette route est absolument incroyable !
Chaque virage est promesse d’un autre point de vue sur d’autres montagnes, d’autres lacs, d’autres forêts… Nous avons eu la sensation de retrouver un peu des paysages du nord Canadien : ces vastes forêts vert foncé, ce côté brut et complètement sauvage d’une nature bien plus grande que nous.
◊ De Villa Cerro Castillo à Puerto Rio Tranquilo
Bon, pour cette étape, nous avons un peu triché… puisque nous avons pris une navette ! Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé ! Nous nous sommes postés à la sortie de Villa Cerro Castillo (c’est-à-dire en face de la dernière des 50 maisons du village), nos sacs à dos bien fermés, notre motivation toute prête… et un bouquin dans la poche histoire de patienter. En effet, sur ces derniers jours, nous avions pu voir des dizaines d’auto-stoppeurs totalement désespérés attendre à la file indienne que quelqu’un passe par là et leur permettent d’avancer un peu… L’un d’eux avait même dessiné un pouce levé sur un bout de carton qu’il avait posé à côté de lui le temps de faire une sieste.
Les auto-stoppeurs ne sont pas tout seuls…
Ce matin-là, nous sommes seuls, ça s’annonce plutôt bien ! Sauf qu’effectivement, absolument personne ne passe… La Carretera Austral n’est pas franchement connue pour sa fréquentation très élevée… De plus, la route que nous sommes sensés emprunter est fermée certains jours pour cause de travaux.
Effectivement, la route n’est pas très engageante…
De peur que cela ne dissuade les potentiels visiteurs, et que nous soyons coincés ici plusieurs jours, nous embarquons finalement après quelques heures dans la seule navette du jour qui passe par là, pour une poignée de pesos (7000 pesos chacun, ce qui est tout de même affreusement cher pour un trajet d’1h…). Tant pis pour le stop, au moins on aura un peu avancé !
◊ Puerto Rio Tranquilo
Puerto Rio Tranquilo est peut-être un tout petit peu plus grand que Villa Cerro Castillo… mais pas bien plus ! Le village se compose de 3 rues parallèles à la plage qui donne sur le lac General Carrera, lac tellement grand qu’on le prendrait pour une mer ! D’ailleurs, il s’agit du 2ème plus grand lac d’Amérique du Sud après le lac Titicaca, et comme celui-ci, il se trouve à cheval sur 2 frontières (Argentin – Chili). D’ailleurs sa partie Argentine s’apelle le lac Buenos Aires, car les Argentins ne sont pas fan du general Carrera qui a mené les troupes Chiliennes contre leur pays…
Le lac General Carrera
L’économie de Puerto Rio Tranquilo semble essentiellement tournée vers le tourisme, et surtout vers son attraction phare : les Cuevas de Marmol (traduction : les caves de marbres !).
La rue principale de Puerto Rio Tranquilo. Le décor n’est pas mal !
♦ Mais qu’est ce que c’est quoi donc les Cuevas de Marmol ?
Les caves de marbre sont des formations géologiques uniquement visibles depuis le lac, donc accessibles en petit bateau ou en kayak (ou en nageant pour les plus téméraires !). Il s’agit d’une formation de calcaire (le marbre étant du calcaire très très fin) creusée pendant près de 6000 ans par les vagues et le mouvement du lac. Cette érosion a ainsi peu à peu dessinée de grandes voûtes majestueuses dans ces falaises. Il y a 3 formations principales qui se visitent : la cathédrale de marbre – “cathedral de mármol” – la plus grande, et 2 autres plus petites : la chapelle de marbre -“capilla de mármol” – et la caverne de marbre – “caverna de mármol”.
Nous avons réalisé l’excursion la moins chère (à notre connaissance) : un tour en petit bateau à moteur avec une dizaine d’autres personnes pour voir la chapelle et la caverne, 1h30 de balade environ pour 10 000 pesos chacun, négocié à 9000. Vous pouvez faire un tour de 3h plus le double du prix où le bateau vous emmène voir d’autres choses (comme une épave) mais ça ressemble plus à du remplissage pour payer plus cher… En kayak, les prix sont plutôt autour de 40 000 pesos par personne.
♦ Notre tour aux caves de marbre
Nous sommes malheureusement arrivés à Puerto Rio Tranquilo un jour de mauvais temps ! Nous n’avons pas pu embarquer pour voir les caves dès notre arrivée car le lac étant tellement agité qu’aucune sortie en mer n’était plus autorisée dans la journée. De plus, la plupart des agences affichaient des tours déjà complets donc impossible de se trouver 2 petites places à l’arrachée. Petit conseil donc : si vous n’avez pas forcément de temps devant vous et que vous ne comptez pas vous éterniser à Puerto Rio Tranquilo, mieux vaut sûrement réserver votre tour en avance et checker la météo 😉
Nous parvenons donc à réserver un tour pour le lendemain à 8h30. Aussi tôt, cela nous semble parfait car nous prévoyons de reprendre le stop dans la foulée ! Nous rejoignons donc notre agence un peu en avance le temps de récupérer un gilet de sauvage… ainsi qu’une grande cape de pluie ! Eh oui, malheureusement ce matin-là, il tombe des cordes ! Le gros intérêt des caves de marbre est justement d’y aller un jour de beau temps car les reflets du soleil sur le lac bleu turquoise et sur le marbre est paraît-il assez incroyable… Du coup, ce ne fut pas vraiment notre cas ! Mais peu importe, nous avons eu une expérience un peu différence… mais surtout assez épique !
Bien arnaché dans nos gilets, nous nous rendons un petit peu plus loin sur la côte pour rejoindre le petit ponton métallique qui permet d’embarquer à bord des petits bateau à moteur. Nous nous emmitouflons tant que nous pouvons dans nos capes de pluie et c’est parti !
Le petit bateau à moteur traverse le lac à toute vitesse, le vent s’engouffrent dans nos capuches et la pluie commençant à tomber, nous sommes trempés jusqu’aux os en quelques instants. Mais la vitesse du bateau, les embruns (hum je ne sais pas si ça se dit pour un lac !) sur nos visages et l’excitation de traverser un lac et les montagnes magnifiques où nous nous trouvons au pied nous font sourire de toutes nos dents et il s’agit de ces moments où nous nous sentons tout à coup extrêmement vivant. La traversée dure une petite demi-heure et nous rejoignons bien vite les premières caves.
Le petit bateau s’engouffre à l’intérieur et nous nous retrouvons au plus près des fameuses parois de marbre. Les couleurs et les reflets ne sont pas aussi impressionnants que ce dont on nous avait parlé mais les dessins sur les parois restent plein de grâce. Ce qui m’impressionne le plus est certainement les endroits où la roche est tellement creusée que la falaise semble ne plus reposer que sur quelques fragiles pieds semblables à de grandes colonnes qui soutiendrait le plafond d’une immense église. On aurait presque l’impression que ces parois de marbres pourrait casser comme des allumettes mais elles résistent de toute leur force et en sont d’autant plus belles.
Notre guide nous montre quelques formations de marbre où nous pouvons reconnaître quelques animaux typique de l’histoire de l’Amérique du Sud comme le puma ou le condor. Nous avons assez peu de photos car la pluie rendait la sortie de nos appareils plutôt hasardeuse !
Nous avons apprécié cette balade pour voir les caves qui malgré le mauvais temps, restaient impressionnantes de part leur couleur et leur formes ! Toutefois, énormément de gens nous l’avaient vendu comme étant un des moments parmi les plus beaux de leur voyage, ce que nous n’avons pas éprouvé. De notre point de vue, il s’agit d’une balade sympa si on passe par là et que l’on a du temps, mais pas forcément quelque chose qui nécessite particulièrement un détour. Peut-être que sous le soleil, l’effet est d’autant plus grandiose !
◊ De Puerto Rio Tranquilo à Chile Chico
De Puerto Rio Tranquilo nous ne sommes plus qu’à une poignée de kilomètre du passage de la frontière Argentine de Chile Chico. Nous nous lançons donc en stop pour cette étape sur la Carretera Austral, espérant la réaliser en 1 journée. La Carretera Austral se poursuit plus au sud encore et rejoint d’autres villages tout aussi prometteur., toutefois, nos jours en Patagonie commencent à être comptés et nous préférons zapper cette partie, sachant que la partie argentine nous réserve de très belles choses également.
Nous démarrons donc le stop sitôt notre retour des caves de marbre vers 10h30. Nous sommes avec un couple de français rencontrés dans notre auberge et avec lesquels le contact est tout de suite très bien passé, mais pour avoir plus de chance nous nous séparons le long de la route qui traverse le village et sort de Puerto Rio Tranquilo. Il s’agit de leur première expérience du stop et nous leur donnons un petit avantage (théorique) en les laissant se mettre après nous (ainsi, nous leur ouvrons la voie, laissant le temps aux conducteurs de se décider à s’arrêter pour eux). Très très peu de voitures traversent effectivement Puerto Rio Tranquilo pour continuer un peu plus loin, la plupart font simplement l’aller retour depuis Coyhaique mais ne s’aventurent pas plus au sud. Nos amis possèdent toutefois un avantage non négligeable : une peluche mignonne de Pikachu ! Et hop en 20 minutes ils sont pris ! Nous sommes très contents pour eux, nous avions peur de leur laisser un goût amer du stop en commençant sur une portion si peu fréquentée !
Nous avons connu des endroits moins sympa pour faire du stop !
Mais les choses ne sont pas aussi simples pour nous ! Une longue attente dont nous ne voyons pas le bout commence alors. Nous n’allons pas nous plaindre, nous passons tout de même 4h dans un endroit vraiment très beau : ce lac tout bleu entouré de montagnes enneigées, nous sommes dehors, au grand air, les choses pourraient être pire ! Mais justement, en parlant de grand air… il y en a peut-être un peu trop ! En effet, le seul « problème » est qu’il ne fait pas bien chaud et qu’il pleut même par moment ! Déjà bien trempés après le bateau, nous ne tardons pas à avoir les doigts gelés à ne plus sortir notre pouce que lorsque cela en vaut vraiment la peine !
A 13h, après 3h d’attente, nous nous offrons un completo (spécialité du Chili, il s’agit d’un hot-dog recouvert d’avocat !), dans une petite cafeteria où nous prenons tout notre temps pour nous réchauffer avant de pointer notre nez dehors de nouveau pour retenter le stop. Nous nous imaginons déjà revenir dans notre auberge pour y passer la nuit de nouveau mais d’ici là, nous n’avons rien d’autre à faire que de tenter encore ! Et puis finalement, le miracle arrive ! Après 4h d’attente, Alfonso, un professeur de primaire nous prends dans son pick-up !
Nous lui parlons de notre projet avec l’association l’Enfant à l’hopital et il semble très intéressé, lui-même adorant parler voyages avec ses élèves. Amoureux de sa région, il semble très heureux de lire l’émerveillement sur nos visages lorsque la Carretera Austral nous emmène de nouveau dans des endroits incroyables. Pendant une heure, nous roulons sans croiser une seule habitation dans un territoire complètement sauvage. Il nous déposera finalement à Puerto Guadal, minuscule village où il enseigne dans la seule classe de l’école primaire. Nous sommes la veille de la rentrée scolaire et il rentre pour la préparer.
Nous jetons un rapide coup d’œil au village où nous nous trouvons… ouf, il semble y avoir au moins un hospedaje, au pire nous trouverons de quoi dormir ce soir ! Nous rejoignons un petit arrêt de bus au bord de la route en caillou qui traverse le village et nous découvrons avec stupeur que nous sommes loin d’être les premiers auto-stoppeurs à être passés par là ! Les panneaux de bois du petit arrêt de bus sont recouverts de message d’auto-stoppeurs faisant part de leur expérience… de la patience !
C’est plutôt calme…
Nous prenons un peu peur (surtout lorsque nous lisons le message indiquant qu’un mec est resté 2 jours là sans voir personne…) et lorsque la première voiture passe 20 minutes plus tard, nous lui faisons de grands signes l’encourageant à s’arrêter.
« Celui qui persévère arrive à Chile Chico »
« 14 février 2019 – en train de travailler la patience »
« Attendre, attendre, attendre… courage »
Nous en profitons pour laisser une petite pub 😉
Marco dans son pick-up nous montre qu’il serait ravi de nous prendre mais qu’il n’a pas trop de place puisqu’il transporte un meuble… peu importe, on en fera de la place ! Nous déménageons la table de salon dans le coffre de son pick-up, y entassons nos sacs et c’est parti jusqu’à Chile Chico !
Nous passons 2h sur la Carretera Austral avec Marco, toujours autant émerveillés par les paysages de fou et changeant que nous traversons. Il s’arrête même de temps en temps pour nous laisser prendre quelques photos, apparemment heureux de nous laisser découvrir son pays et sa région. Il nous parle du fait de vivre ici, en Patagonie, dans un endroit qui semble loin de tout et où pourtant on n’y manque de rien. Marco travaille d’ailleurs sur un des chantiers de construction de la Carretera Austral (pour goudronner cette partie encore en cailloux). Nous faisons un arrêt par la petite maison en bois d’un de ces collègues dans un minuscule hameau. La vie ici ne semble pas évidente (notamment l’hiver !), mais les gens semblent tout de même heureux de vivre dans un cadre aussi incroyable. On irait jusqu’à dire que la Patagonie est un monde à part, ne faisait ni vraiment parti du Chili ou de l’Argentine dont la frontière est omniprésente, un monde qui se suffit à lui-même.
La Carretera Austral en travaux
Marco nous apprends également que les locaux sont beaucoup moins ouverts à aider des auto-stoppeurs qu’ils ne l’étaient il y a quelques années. Des histoires d’auto-stoppeurs volant dans les voitures, ou encore de femmes seules levant le pouce au bord de la route et cachant en fait 5 ou 6 autres gaillards qui ont eu vite fait de monter dans les remorques une fois les voitures arrêtées, ont beaucoup circulé. C’est quand même bien dommage que quelques individus puissent nuire à la bonne volonté et à la solidarité de locaux qui aimaient aider des jeunes à se déplacer et de voyageurs fauchés en quête de rencontres !
Vu sur le lac General Carrera
◊ Chile Chico
Nous débarquons à Chile Chico, dernière ville avant la frontière, tandis que le soleil se couche derrière les montagnes brunes encaissant la ville. Au revoir les montagnes grises et blanches entourées d’impressionnantes forêts, en quelques kilomètres, nous avons l’impression d’avoir rejoint une sorte de désert de terre, un endroit plus isolé, plus hostile. Comment peut-on transformer le paysage en si peu de temps ? C’est un mystère !
Chile Chico est plus imposante que les autres hameaux de la Carretera Austral que nous avons traversé. Elle n’en reste pas moins un village sans grands intérêts si ce n’est son joli point de vue sur la région et ses rues toutes propres et agréables. Nous y restons simplement une nuit, le temps de recharger les batteries pour traverser la frontière le lendemain. Un petit message de nos amis français et nous apprenons qu’après une journée pleine de rebondissement, ils ont carrément réussi à passer en Argentine et sont presque arrivés à El Chalten, à près de 800 km de Puerto Rio Tranquilo. Pas mal pour une première fois tout de même !
◊ Chile Chico – Los Antiguos
Après une bonne nuit à Chile Chico, nous repartons le lendemain dans l’idée de traverser finalement la frontière pour parvenir en Argentine. 14 km seulement nous sépare de Los Antiguos, et il serait donc envisageable de le faire à pied en cas de difficultés pour faire du stop, mais nous avons en tête qu’il s’agit d’un passage de frontière, or généralement les gens ne sont pas hyper chauds pour prendre des auto-stoppeurs car il y a toujours la peur de prendre quelqu’un qui transporte des choses prohibés (comme de la drogue), et on peut donc comprendre que ce ne serait pas très confortable pour le conducteur…
C’est parti pour y aller à pied !
Nous attrapons donc de quoi nous faire un sandwich à la sortie de Chile Chico et entamons à marcher le long de la grande voie rectiligne qui mène tout droit à la frontière. Au bout de quelques kilomètres, une première voiture s’arrête et c’est un professeur d’art plastique de collège qui s’arrête et nous dépose à la frontière quelques kilomètres plus loin. Première étape gagnée !
Entre les 2 frontières
Nous passons rapidement le poste frontière chilien et nous nous retrouvons dans le no man’s land d’une dizaine de kilomètres qui sépare les deux postes frontières. Nous commençons à suivre cette grande route au milieu de la pampa où quasiment aucune voiture ne passe (et les rares qui l’ont fait n’ont apparemment aucune envie de s’arrêter pour nous). Le cadre est assez incroyable, nous sommes entourés de montagnes aux 7 couleurs (ouaip, elles pourraient rivaliser avec celles du Pérou !), et un grand court d’eau passe exactement sur le pointillé de la frontière. Nous sommes littéralement au milieu de rien : physiquement et politiquement ! Nous nous demandons d’ailleurs comment sont gérer ces espaces n’appartenant à aucun des 2 pays ! Toutefois, cette route est assez désespérante, car elle fait une forme exacte de U : il y a 5 kilomètres dans une direction puis une bifurcation et 5 km dans le sens inverse qui donnent l’impression de devoir revenir sur ses pas.
A bientôt le Chili !
Plus très loin du poste frontière argentin, une voiture s’arrête finalement et un argentin nous embarque nous ainsi qu’une autre marcheuse chilienne qui se trouvait quelques mètres derrière nous. Nous terminons ces derniers kilomètres bien plus vite avec plaisir ! Le passage par le poste frontière est très rapide et nous obtenons sans problème un nouveau tampon dans notre passeport ! Notre conducteur nous a attendu et nous dépose au centre ville de Los Antiguos. Étape terminée en 1 journée !
◊ Los Antiguos
Après presque 1 mois et demi de voyage au Chili, passer côté argentin nous oblige de nouveau à faire une petite gymnastique mentale pour s’adapter au nouveau taux de change du dollars argentin et puis à l’accent argentin (eh oui, ici, les « ll » (ye), se disent « che » !). Los Antiguos ressemble globalement à Chile Chico mais nous décidons d’arrêter le stop ici pour le moment et d’embarquer pour un bus de nuit en direction d’El Chalten, notre prochaine étape. Nous calculons le fait qu’il nous faudrait près de 3 jours pour rejoindre El Chalten et que les paysages traversés seraient surtout… du grand rien ! Eh oui, de ce côté de l’Argentine, il s’agit surtout de la pampa : d’immenses plaines désertiques où quelques montagnes se dressent au loin pour rompre l’horizon. Du coup, nous préférons préserver ces quelques jours pour le sud de la Patagonie !
◊ Los Antiguos – El Chalten
Le bus quitte Los Antiguos à la tombée de la nuit et nous avons tout juste le temps d’apercevoir les dernières lueurs du soleil couchant sur ces immenses plaines de rien. Nous voilà en Argentine et nous avons du mal à le réaliser !
Cette nuit dans le bus a été assez exceptionnelle ! Pas en terme de repos et de lit confortable, mais plutôt par les multiples sentiments qui nous ont traversés tandis que nous franchissions ce voile nocturne et insondable. Malgré les phares de notre bus et les petits voyants au dessus de chacun de nos sièges, nous parvenions tout de même à apercevoir par dessus nos têtes la présence de l’immense voûte étoilée. Un nombre d’étoiles brillantes tel que nous n’en avons encore jamais vu. (J’ai même cru apercevoir la station spatiale internationale filer quelques instants puis disparaître !). Je ne sais pas pourquoi cela nous a pris à ce moment-là, mais je crois que ce fut un de ces moments où nous mesurons à la fois la chance que nous avons d’être là et à la fois à quel point cela paraît dingue et exceptionnel. Nous nous sommes demandé ce que nous faisions là si loin de chez nous et de tout ceux que l’on connait et en même temps, nous n’aurions pas souhaité être ailleurs. Nous nous sommes rendus compte que tout ce dont nous avions besoin pour le moment était un endroit chaud où reposer nos jambes fatiguées après une autre journée incroyable à apprendre et découvrir les yeux grands ouverts !
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Bonne route !
Une réponse sur “Chili – La mythique Carretera Austral en auto-stop”