De Piura, nous prenons le bus de jour pour Trujillo sur la côte nord du Pérou. Bus de jour car nous espérons ainsi pouvoir profiter des paysages du nord du Pérou où nous ne comptons malheureusement pas nous attarder trop longtemps. Nous zappons ainsi un bon morceau de la côte nord et puis, toute la partie forêt amazonienne du pays… A notre entrée au Pérou, il ne nous reste que 4 mois en Amérique du Sud et nous tenons beaucoup à nous rendre jusqu’en Patagonie, il nous faut donc faire certains choix… comme ceux de se dire que nous reviendrons plus tard !
Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit au Pérou. Pour lire le début des aventures, c’est ici.
Nous embarquons donc pour un voyage de près de 8h dans un de ces immenses bus à la péruvienne : de gros fauteuils de cuir, des films pendant tout le trajet, un petit snack… nous n’avons pas été habitué à un tel luxe en Équateur ! Seulement voilà, durant tout le trajet, nous ne faisons que traverser ce qui semble être un immense désert de cailloux. Nous empruntons une route rectiligne, qui ne dévie jamais de sa direction vers l’horizon et qui traverse ce qui nous semble être l’endroit le plus triste et le plus désolé du monde. Aucun relief, aucune végétation ne permet d’accrocher le regard et les rares villages que nous traversons sont presque encore plus déprimants que cette route car ils semblent recouverts de montagnes de déchets. Et franchement, nous n’exagérons pas ! Nous sommes déjà passés par des pays où le traitement des déchets est un vrai problème ou semble tout simplement inexistant. Mais nous n’avions pour autant encore jamais vu de trottoirs entièrement recouverts de sacs plastiques remplis de poubelles, de cartons, de bouteilles en tout genre, de débris et où les habitants se retrouvent à devoir marcher sur la route pour les éviter, comme si ces déchets avaient pris le pas sur les droits des piétons.
Trujillo nous accueille et tente de nous mettre à l’aise après ce premier aperçu du Pérou qui nous a laissé un peu sceptique. Nous n’y passons qu’une journée, le temps d’aller visiter un des deux principaux sites archéologiques du coin, les Temples de la Lune et du Soleil que nous vous présenteront dans un article dédié, et de profiter d’un petit déjeuner près de la Plaza de Armas, la jolie et colorée place principale de la ville (nous en retrouverons d’ailleurs une similaire dans la plupart des autres villes péruviennes !). Nous repartons le soir de cette première journée pour Huanchaco, qui se trouve à seulement une dizaine de kilomètre de Trujillo, sorte d’extension de la ville vers l’océan Pacifique. Pour s’y rendre, nous empruntons un des nombreux van combis qui défilent dans Trujillo, la personne chargée de la vente des tickets perchés par la fenêtre et criant le nom des différents arrêts de ce mini-bus.
La Plaza de Armas de Trujillo
Serrés entre nos gros sacs sur les genoux et des péruviens tout autant chargés que nous, nous débarquons le long de la plage de Huanchaco alors que le soleil se couche sur le Pacifique dans une explosion violette, rose et dorée. Il fait chaud, l’air sent les embruns marins, le soir tombe alors que le rythme des flip-flop des tongs se fait plus lent et que les derniers surfeurs rejoignent leur voiture, une planche sous le bras.
Nous savons au final assez peu de choses sur Huanchaco avant d’y mettre les pieds (nous nous renseignons très peu avant de découvrir un endroit, par manque de temps et puis par envie de voir et de se faire une idée par nous-même d’abord !) à part qu’il s’agit d’un spot de surfs très connu au Pérou puisque des épreuves du championnat du monde de longboard s’y déroulent chaque année. Nous espérons ainsi retrouver le même type de vague qu’à Mompiche : longue, douce, infinie !
Sur place, nous découvrons que Huanchaco est aussi connue pour 2 autres choses : des petites embarcations traditionnelles appelées caballitos de totora (« petits chevaux de roseaux ») et une spécialité culinaire : le ceviche.
◊ Huanchaco pour le surf
♦ La ville
Huanchaco nous a semblé être le cliché de la ville de surfeurs. Une école de surf à chaque coin de rue, quelques péruviens, beaucoup d’étrangers avec une planche sous le bras et quelques traces persistantes de crème blanche sur le nez, et des dizaines de personnes à l’eau qui flottent comme des petits bouchons en attendant de prendre la prochaine vague en sont bien sûr des signes assez évidents ! Mais nous avons aussi retrouvé (non sans plaisir, il faut bien l’avouer !), une des caractéristiques des petites villes touristiques et connues à travers un sport : les nombreux petits restaurants ou salon de thé proposant des plats variés, parfois végétariens ou sans gluten (qui semblent tout de même très rare dans cette partie de l’Amérique du Sud), ou des petites douceurs (tartes, pâtisseries), ainsi que les auberges ou bars qui souhaitent se donner une ambiance cool et proposent des cours de yoga, de salsa, des cocktails originaux ou des soirées-concert. Nous avons eu l’impression que tout été fait pour nous retrouver à Huanchaco comme dans un petit cocon qui nous fournirait tout ce qu’il faudrait pour être heureux.
Le Friend Surf Hostal
De la tarte aux fraises pour l’anniversaire de Clément
Bon, le revers de la médaille, c’est que nous nous demandons toujours où sont les péruviens dans ce genre d’endroit qui semblent plutôt envahi de tête blanche ? Du coup, tout ceci se mélange dans nos têtes : d’un côté, il faut dire que nous nous sentons bien dans ce genre d’endroit plutôt agréable (la plage, le soleil, les petits resto sympathiques…), mais justement, ils sont faits pour que des gens comme nous s’y sentent bien et semblent du coup plus éloignés de la culture péruvienne, qui est, tout de même ce que nous venons rechercher. De plus, c’est tout de même le genre d’endroit qui a assez peu d’intérêt si on a pas envie de s’essayer au surf, les rues ne sont pas franchement belles, la plage est peu aménagée et ne donne pas hyper envie… Du coup, nous apprécions y rester quelques jours avant de repartir vers plus d’aventure !
Ce que nous avons trouvé assez fou est également le fait que cette ville semble sortir complètement de nulle part au milieu du désert ! En suivant la route le long de la plage jusqu’au bout, on parvient à une petite barrière et derrière… plus rien. Littéralement plus rien ! C’est le désert complet, que du sable et des cailloux avec une vague route abîmée qui serpente jusqu’à l’horizon…
Le bout de la ville
♦ Les spots
Huanchaco a été classée comme l’un des 5 spots mondiaux « réserve mondiale de surf ». C’est-à-dire qu’il s’agit d’un spot protégé par l’association World Surfin Reserve qui veille à protéger les habitats liés au surf : c’est-à-dire la vague en elle-même, mais aussi tout ce qui va autour : les secteurs environnementaux, sociaux, culturels et économiques liés à celle-ci.
Dès notre première soirée à Huanchaco, nous voyons au loin quelques petits points noir glisser sur de gros rouleaux au couché du soleil. Il ne nous en faut pas plus pour nous décider le lendemain à tenter l’aventure par nous-même. Nous louons 2 planches et 2 combinaisons (au Pérou, c’est le retour pour nous d’eaux plus fraîches !) directement à notre hôtel, le Friend Surf Hostal (nous restons cohérents avec nous-même) pour 25 soles chacun, un peu de crème solaire violette fluo sur le nez et nous voilà parti.
Nous décidons de tester pour commencer le spot qui se situe juste derrière le petit ponton au milieu du front de mer de Huanchaco qui semble plutôt réservé aux débutants, comme nous, puisque c’est ici que se retrouvent toutes les écoles de surf et tous les étrangers en vadrouille qui ont décidé de s’améliorer au cours de leur voyage. Nous débarquons sur la petit plage et entrons dans l’eau…. Aie, aie, aie ! Le fond de la plage est en fait un enchevêtrement de pierres glissantes et coupantes sur lesquelles il est difficile de marcher. Nous sautons vite sur nos planches pour les éviter et s’éloigner pour rejoindre les vagues.
La magnifique planche (en « bon » état…) de Clément et sa face violette (la combi aussi était dans un « bon » état !)
Le premier spot
Seulement voilà, nous sommes exposés à 3 difficultés : la première sont ces fameux rochers sous l’eau peu profonde que nous avons peur de percuter en tombant de notre planche, la seconde est le courant assez puissant qui nous fait dévier inexorablement vers les brises-lames constituant le reste du front de mer, et la dernière est la difficulté d’attraper ces vagues plutôt molles (en forme de pyramide) qui demandent de ramer comme un fou. Au bout de 2h, Clément a réussi à glisser 3 ou 4 fois sans y prendre vraiment de plaisir, trop inquiet à l’idée de percuter un caillou, tandis que moi, je ne parviens même pas à me lever une seule fois sur ma planche un peu trop courte pour mon niveau. Les autres débutants ne semblent pas vraiment plus avancés que nous et nous avons tous l’impression d’avoir surtout musclé notre rame ! En sortant de l’eau, je m’ouvre d’ailleurs légèrement le pied sur un rocher, ce qui me vaudra de beaux picotements lorsqu’il faudra remettre le pied dans l’eau salé le lendemain !
Merci à latinatmosphère pour ces quelques photos de nous 😀
Pour notre deuxième journée, nous tentons le second spot du centre-ville de Huanchaco, de l’autre côté du fameux ponton, et qui semble être plutôt destiné aux surfeurs plus expérimentés. Nous les voyons évoluer avec aisance loin de la plage sur de grandes et belles vagues. A notre tour d’y aller ! Nous nous élançons et ramons pendant quelques minutes pour passer la ligne de casse des vagues qui, très puissantes, ne manquent pas de nous retourner à chaque rencontre. Nous nous rendons compte alors qu’il faut aller très loin pour se retrouver au bon endroit, que les vagues sont irrégulières dans leur lignes de casse, et surtout qu’encore une fois, le courant très fort nous dévie en quelques minutes de presque 10 m. J’abandonne, pas du tout à l’aise à l’idée de devoir ramer pendant des heures sans pouvoir attraper quoi que ce soit, tandis que Clément persévère un peu plus avant d’arriver aux mêmes conclusions que moi.
Le second spot (et des gens qui savent surfer dessus !)
Conclusion : nous pensons que Huanchaco est certainement un endroit fantastique pour le surf car il faut bien avouer que les vagues sont généralement bien régulières et très longues ! Mais, peut-être pas pour les débutants ! En comparant avec Mompiche, il n’y a pas photos pour nous : à Huanchaco, de nombreuses difficultés sont venues s’ajouter à la simple difficulté qu’est déjà le fait de surfer lorsque l’on débute. Nous avons vu des débutants tomber brutalement sur les rochers au niveau de la plage ou ramer inlassablement sans jamais parvenir à être emportés par la moindre vague. Je suppose que les nombreuses écoles du coin qui enseignent principalement aux touristes pour quelques heures diront le contraire et peut-être que nous ne sommes encore tout simplement pas encore à l’aise, mais ce fut notre ressenti ! Il faut aussi ajouter que l’eau et la plage était particulièrement dégueulasse… un vrai bouillon de saleté, de trucs coupants, de bactéries et d’algues en tout genre, pas agréable du tout de boire la tasse ici, et attention aux maladies de peau, douche obligatoire !
Nous sommes toutefois contents de s’être frotté à l’un des plus beaux spots de surf au monde (nous pensions simplement regarder, pensant que nous n’avions pas du tout le niveau pour nous mettre à l’eau !), et d’avoir acquis de l’expérience supplémentaire en découvrant un environnement inconnu pour nous et où nous n’étions pas franchement à l’aise. En prime, nous avons travaillé notre rame 😉
◊ Huanchaco pour la culture
Comme nous l’écrivions plus haut, Huanchaco est aussi connue (et sûrement même, « d’abord » connue) pour ces petits bateaux de pêcheurs en roseaux appelés caballitos de totora. Disposés le long de la plage, ces embarcations sont désormais constituées de polystyrène enveloppés de roseaux (alors qu’à l’origine, elles étaient entièrement en roseaux) et il est assez fou de voir des pêcheurs s’élancer à leur bord, agenouillé sur la partie supérieure, et franchir les vagues que l’on dirait à seulement deux doigts de les retourner à l’aide d’une simple petite rame.
Bien qu’il soit possible de faire un tour à bord de ces embarcations en tant que touristes, il semblerait quand même qu’elles soient toujours utilisées pour leur usage traditionnel et nous avons été surpris d’en voir à contre-jour, simples minuscules formes noires à l’horizon, revenir sur la plage lorsque le soleil se couche. Le contraste entre cette activité qui paraît sortir d’un autre temps et l’ambiance festive et très jeune tournée vers le surf du reste de la ville.
Un autre attrait culturel de Huanchaco est le site archéologique de Chan Chan, un immense complexe de 10 palais dont 1 seul est visitable (les autres étaient encore en train d’être fouillé et restaurés) et qui se trouve à quelques kilomètres de la ville. Mais ça, nous vous en parlerons dans un article dédié !
◊ Huanchaco pour la gastronomie
Enfin, on nous avait dit que si on voulait goûter du ceviche, une des spécialités du Pérou, c’était à Huanchaco qu’il fallait le faire, et c’est bien ce que nous avons fait ! Le ceviche est préparé à base de poisson cru, de jus de citron, de piment (aji), de coriandre et d’oignon. Le poisson est « cuit » dans le jus de citron, il obtient alors une texture entre le poisson cru et le poisson à peine cuit et est servi avec des patates douces, du manioc, du maïs, des bananes plantains.
Voilà à quoi ça ressemble ! Source
Le résultat est assez particulier ! C’est frais, comme une salade mais ça pique pas mal ! Il est d’ailleurs possible de demander quelle dose de piment on souhaite… Je crois que j’ai bien aimé… mais avec modération ! N’oubliez pas d’en prendre un dans un restau en qui vous pouvez avoir confiance, sinon c’est l’intoxication alimentaire assurée.
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Bonne route !
3 réponses sur “Pérou – Huanchaco, surf et petits bateaux”