Les Nouvelles de l’auto-stop épisode 3
◊ D’El Chalten (Argentine) à El Calafate (Argentine)
♦ La longue attente…
Après cette semaine dans la capitale du trek, nous quittons El Chalten en direction de sa grande sœur, El Calafate, l’autre ville ultra célèbre de cette partie argentine de la Patagonie et qui ne se trouve qu’à quelques kilomètres. C’est l’occasion pour nous de reprendre le stop ! Toutefois, nous avons quelques doutes quant à la réussite de l’entreprise car au cours de notre séjour à El Chalten nous avons pu voir quelques voyageurs si essayer… sans grand succès. Nous avons pu en croiser certain le matin… et les revoir le soir, toujours au même endroit !
Au revoir le Fitz Roy !
Mais allez pour nous ce sera différent, nous y croyons ! Il fait beau, le Fitz Roy est bien visible au loin, nos sacs à dos sont proprement empaquetés, rien ne pourra nous arrêter ! Nous rejoignons la route qui sort d’El Chalten en direction du sud et nous rencontrons en chemin… une dizaine d’autres auto-stoppeurs, plus matinaux que nous et déjà en place ! Après quelques mots échangés avec des jeunes filles logeant dans notre auberge nous apprenons que celles-ci, premières arrivées ce matin et en tête de file attendent depuis plus de 3h sans que rien ne s’arrête…
Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit en Argentine. Pour lire le début des aventures, c’est ici.
Nullement découragés, nous remontons cette longue file jusqu’au bout, à presque 1 km d’El Chalten, et nous nous postons quelques mètres derrière la dernière, une fille seule avec un gros sac à dos coloré. Et la longue attente commence !
Sans exagérer, c’est environ une voiture toutes les 15 minutes qui passent, la plupart des voitures pleines à craquer d’ouvrier qui nous font des petits signes désolés, ou de voitures de location touristiques vides qui nous ignorent. Ça sent un peu le roussi pour notre départ d’El Chalten… Nous attendons patiemment, l’un posé sur un caillou près des sacs en train d’écrire ou de lire, l’autre debout à surveiller les voitures qui approchent, en alternance. Deux autres auto-stoppeurs viennent se poster derrière nous, allongeant encore un peu plus cette longue file qui ne doit pas manquer de faire rire ou de lasser les conducteurs, au choix. Le Fitz Roy change peu à peu de couleur devant nos yeux, une chance, nous sommes dans la bonne direction pour être face à lui ! Mais la route est toujours aussi déserte et le temps se fait long. Une camionnette s’arrête, nous courons vers elle, plein d’espoir mais le conducteur nous propose de nous emmener moyennant paiement. Par principe nous refusons. Quitte à payer, nous prendrons le bus.
On s’occupe…
Nous voyons d’ailleurs passer un premier bus pour El Calafate, puis deux, puis trois, plein à craquer de gens en vêtements de sport. Nous nous sentons un peu nargués. Il est bientôt 13h et nous commençons à réaliser que nous n’allons sûrement jamais partir, en tout cas, pas de cette façon-là ! Les autres auto-stoppeurs devant nous abandonnent petit à petit, retournant à contre cœur vers le centre du village, libérant places dans la file, nous permettant nous aussi de faire quelques pas en avant pour être plus proche de la sortie d’El Chalten. Finalement, nous ne sommes plus que trois, nous et un jeune homme derrière nous. On pourrait croire que ce serait plus facile ainsi, mais avec quasiment aucune voiture qui passe, nous décidons d’abandonner et de plutôt prendre le dernier bus après trois bonnes heures d’attente. Nous laissons derrière nous notre camarade de galère qui, plus motivé que jamais, nous dit avec un grand sourire qu’il a prévu 2 jours de provisions avec lui et qu’il prendra le temps qu’il faut (au final, nous l’avons recroisé le soir même à El Calafate ou il est bien parvenu avec du temps et de la persévérance).
♦ Une traversée de la Patagonie
Le voyage jusqu’à El Calafate est complètement incroyable du début à la fin. Nous traversons cette grande plaine patagonienne que nous avions découverte du haut du Mirador de Las Aguilas à El Chalten, qui nous amuse de ses dizaines de couleurs et reflets différents qui sortent d’on ne sait où. Elle est entourée d’un léger grillage sur des kilomètres carrés et nous ne comprenons pas très bien à quoi cela peut-il servir jusqu’à ce que nous les voyons, tout près de la route et pourtant presque confondu dans le paysage : des dizaines de guanacos, plus grand que des lamas et sauvages, qui nous observent d’un œil curieux ou courent follement à travers la plaine. A un moment, j’aperçois même ce qui ressemble à une petite autruche ! J’apprendrais plus tard qu’il ne s’agit pas d’une hallucination mais d’un nandou d’Amérique, le plus grand oiseau des 2 continents, pouvant mesurer 1m50 de haut.
◊ El Calafate
El Calafate nous accueille dans la grisaille d’une après-midi pluvieuse. L’ambiance n’a plus rien à voir avec le mignon village caché au milieu des montagnes qu’était El Chalten : El Calafate semble avoir une grande zone urbaine qui s’étend sans limite sur cette plaine déserte sans aucune recherche de densification ou de limitation de l’impact humain sur la Patagonie. Nous ne sommes pas forcément emballés aux premiers abords ! Les premières auberges rencontrées sur la route nous paraissent bien chères mais nous finissons par tomber sur un camping qui propose aussi des lits en dortoirs pour un prix raisonnable. Les chambres se trouvent dans une petite maison attenante à la réception du camping avec un joli salon et une cuisine chaleureuse tout en bois, aux airs de chalets de montagne. Nous cherchions un endroit confortable pour ces prochains jours, c’est parfait !
Nous partons en exploration l’après-midi pour aller voir une des attractions de la ville : le Lago Argentino, qui est censé être également le refuge d’une colonie de flamands roses. Plus une zone humide marécageuse qu’un joli lac de montagne et situé juste à côté d’une route passante sans aucun aménagement, nous n’apprécions pas plus que cela la visite et les quelques flamands roses que nous croisons au passage qui ont l’air tout gris. Le reste d’El Calafate est surtout un alignement de commerces touristiques le long d’une grande voie passante sans vraiment de charme et nous ne nous attardons pas plus que cela. Cela nous fait une raison de plus pour rester au chaud et profiter de notre chalet alpin, et nous ne disons pas non après ces quelques semaines qui ont été bien actives niveau treks et nature !
Le Lago Argentino
Une petite surprise nous attend en ouvrant la porte de notre auberge : Ricardo, un italien avec son fort accent australien lorsqu’il parle anglais (dû à de longues années de voyage au pays des kangourous) s’y trouve également par hasard ! Nous l’avions rencontré à El Chalten dans notre précédente auberge alors qu’il avait débarqué avec une minuscule cafetière italienne et une quantité de légume impressionnante, déclarant qu’il comptait faire une grande soupe pour toute l’auberge avant même qu’il n’ait réellement fait la connaissance de quiconque. La soupe avait été proprement délicieuse et la conversation chaleureuse et animée car il se trouve que pas moins de 6 autres voyageurs italiens se trouvaient dans la même auberge (ils étaient tous particulièrement surpris et heureux car c’était la premières fois qu’ils rencontraient d’autres Italiens dans leurs voyages, alors 6 d’un coup vous imaginez la coïncidence !). Nous avons donc été ravi de le retrouver par hasard à El Calafate et n’avons pas été surpris de découvrir qu’il avait prévu de nouveau de cuisiner pour tout le monde !
Ricardo qui s’occupe de sa soupe ! (A El Chalten)
♦ Un petit air de famille au bout du monde
Nous avons ainsi passé 2 jours à nous reposer dans cette auberge presque comme au sein d’une famille. Nous étions entouré de Ricardo, d’un couple de polonais aux noms imprononçables, d’Hanna de Hollande, d’Estelle de Corse, Johanna de Belgique et Harriet d’Angleterre, qui, tout comme nous, n’ont pas fait grand-chose d’autre pendant ces 2 jours que de cuisiner tous ensemble avec nous, regarder des films, réparer leur sac ou reposer leurs muscles fatigués. Nous avons eu des conversations passionnantes autour des soupes de Ricardo ou des quiches aux légumes de Clément, ou bien nous avons simplement partagé nos expériences de voyages, tous voyageant comme nous principalement grâce à l’auto-stop. Ces moments à ne « rien faire » ont réellement participé à une autre dimension de notre voyage qui est celle d’avoir du temps pour réfléchir et apprendre sur tout un tas de sujets avec des personnes à peu près du même âge que nous, mais d’une culture différente.
Les retrouvailles italiennes à El Chalten
♦ Le Perito Moreno
Parmi les innombrables glaciers qui se trouvent dans ce coin de la Patagonie et qui sont alimentés par l’immense champs glaciaire à cheval sur la frontière argentine et chilienne, l’un d’entre eux situé non loin d’El Calafate est très facilement observable et ne cesse d’impressionner par sa taille, il s’agit du fameux Perito Moreno. On peut aller le voir en une journée en attrapant un bus à la gare de bus d’El Calafate pour la somme de 800 pesos en ajoutant 700 pesos pour l’entrée du parc. C’est aussi faisable en stop mais refroidis (c’est le cas de le dire pour aller voir un glacier !) par nos difficultés de la veille, nous y sommes allés en bus. Je ne vous en parle pas plus pour le moment car Clément compte vous faire un 700 Merveilles du Monde sur ce magnifique glacier !
De quoi vous donner un léger aperçu !
◊ D’El Calafate (Argentine) à Puerto Natales (Chili)
El Calafate marque notre seconde… et notre dernière étape en Argentine ! Eh oui, la frontière de ce côté-ci fait repasser le sud de la Patagonie côté Chili et comme nous souhaitons aller au sud, toujours plus au sud, il nous faut de nouveau changer de pays ! Nous partons d’El Calafate remontés à bloc pour reprendre le stop ! Nous ne savons pas du tout combien de temps cela peut nous prendre de rejoindre Puerto Natales, prochaine localité qui nous intéresse, mais surtout prochaine véritable localité tout court ! L’urbanisation se fait rare par ici, et aux kilomètres de vide succèdent les hectares de rien ! Ayant en tête les 2 jeunes hommes croisés a l’auberge qui ont mis 3 jours à partir de la ville (!) nous avons prévu plusieurs jours de nourriture et étions prêts à camper au milieu de la pampa si nécessaire. Nous démarrons donc à la sortie d’El Calafate et au bout de 10 minutes d’attente, à peine le temps de prendre une photo du paysage, deux argentins s’arrêtent et nous font faire les quelques kilomètres qui permettent de rejoindre la RN40 qui nous conduira vers la frontière. Nous avons peu de temps pour discuter avec eux mais ils nous apprennent tout de même que les argentins sont relativement inquiets du fait que de plus en plus de terres patagoniennes sont achetées par des américains (pour récupérer les ressources telle que l’eau) et se privatisent, au détriment de l’économie argentine.
Nous ne savons que penser de ce discours (à quel point cela est-ce le cas ?) mais n’avons pas le temps d’en savoir plus avant d’être déposés au croisement de la RN40 qui mène d’un côté à El Chalten, et de l’autre à la frontière. Nous nous trouvons alors complètement au milieu de nulle part, avec une fréquentation automobile digne d’un dimanche soir à Maubeuge. Heureusement, nous avons une large bande de terre pour nous installer tranquillement et reprendre le stop ! Mais de nouveau, nous n’attendons que très peu de temps (nous avons une chance insolente) avant qu’une voiture, visiblement de location, ne s’arrête. Surprise ! Il s’agit d’un couple de français en vadrouille, et de français de Saint-Étienne s’il vous plait ! Joël et Chantal sont en retraite et profitent de 3 semaines de vacances pour découvrir la Patagonie version road-trip. Ils se sont arrêtés car, d’après eux, nous avions des têtes de français ! Mais la chance ne s’arrête pas là, ils comptent tous les deux traverser la frontière dans la journée et rejoindre le parc de Torres del Paine, non loin de Puerto Natales. C’est parfait ! Nous passons donc un bon bout de la matinée avec eux à se raconter nos expériences patagoniennes respectives et à s’amuser du fait que le monde paraît quand même petit. Ils s’arrêteront même pour nous permettre de prendre des photos de guanacos et de nandous que nous n’avions pas encore pu faire.
Voici le fameux nandou !
A la frontière, nous nous séparons le temps de passer chacun devant les services de contrôle et de douane, mais ils nous reprennent pour traverser les quelques kilomètres de no man’s land qui séparent les 2 pays. Ils nous déposent peu après le poste frontière chilien et nous voilà, aussi simplement que cela, de nouveau au Chili ! Nous les remercions chaleureusement et évaluons notre avancée.
Quant tes conducteurs s’arrêtent pour te prendre en photo à la frontière !
L’après-midi est déjà bien entamée et nous nous trouvons juste à côté de Cerro Castillo (différent de ce Cerro Castillo-ci) minuscule village qui semblerait presque inhabité. Nous nous disons qu’au pire, nous trouverons bien un endroit où dormir dans le coin ! Mais nous ne sommes qu’à 1h de route de Puerto Natales et nous n’avons rien de mieux à faire pour le moment donc nous reprenons le stop ! Nous sommes rejoints par un jeune anglais qui a cassé son vélo et doit donc revenir à Puerto Natales pour le réparer, puis d’une chilienne qui se poste à quelques mètres de nous. Pratiquement personne ne passe hormis de gros bus touristiques qui ne nous prendrons jamais.
A la frontière argentino-chilienne
Il n’y a vraiment personne !
Le temps se fait long, surtout qu’il commence à y avoir de petites averses qui ne sont pas bien graves mais n’aident pas non plus ! Au bout de 2h, un gigantesque pick-up (sérieusement, c’est la plus grosse voiture que j’ai vu de ma vie !), s’arrête et nous prends tous les 4 en même temps (plus le vélo) ! Nous sommes ravis et remercions chaleureusement cet homme véritablement généreux ! Nous laissons la place de devant à notre camarade chilienne, nous disant qu’elle aura sûrement plus de choses à raconter à cet homme à la grande barbe plutôt que nous avec notre espagnol hésitant. Seulement, à notre grande surprise, elle ne prononce pas un mot de tout le voyage et s’enferme sur son téléphone ! Nous discutons un peu avec notre conducteur, qui visiblement cherche un peu de conversation mais nous sommes beaucoup trop loin à l’arrière dans ce véhicule immense et nous n’entendons pas vraiment ce qu’il raconte. Tant pis ! On peut dire que c’est un échange raté !
Puerto Natales
Nous voilà donc de retour au Chili ! Et oui notre aventure Argentine aura été courte, mais extrêmement riche en aventures, rencontres et émotions. Nous arrivons désormais dans les terres les plus australes de la planète, et jamais n’avons eu l’impression d’être aussi loin de nos foyers. Mais je vous raconterais tout cela dans un ultime épisode des nouvelles de l’auto-stop : le bout du monde !
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Bonne route !
Mon dieu ces glaciers, c’est magnifique!! Et en effet moyen le conducteur qui vous a demandé de payer, j’aurais refusé aussi! des bisous!
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Je n’avais jamais vu de glaciers de près avant et c’est tellement fou !!
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