Les Nouvelles de l’auto-stop épisode 4 – le bout de la route
◊ Puerto Natales
♦ Irons-nous à Torres del Paine ou pas ?
La grande majorité des personnes se rendant à Puerto Natales y vont pour découvrir le fameux Torres del Paine, cette montagne pointue de 2854 m d’altitude qui se trouve au centre de l’un des plus beaux parcs naturels du Chili et de la Patagonie. Les treks sur plusieurs jours, le fameux W ou le O (selon la forme des parcours) qui permettent de découvrir la grandeur de ce parc sont très connus des trekkeurs que nous avons croisé tout au long de notre route et nous avons entendu parler de cet endroit il y a de nombreux kilomètres de cela ! Des gens du monde entier viennent ici pour se frotter aux difficultés de cette randonnée. Seulement voilà, on pourrait dire que Torres del Paine est presque victime de son succès ! Afin de protéger ce parc naturel et d’éviter l’afflux de touristes trop important, une forme de régulation a été mise en place : désormais, il est nécessaire d’avoir réservé l’ensemble de ses hébergements tout au long des différents treks en avance (que ce soit camping ou auberge) et bien souvent, les places sont prises d’assaut très vite ! De plus, les prix chiliens étant ce qu’ils sont, l’hébergement revient assez cher, sans compter le prix d’entrée du parc stratosphérique… Nous avons donc choisis de ne pas aller à Torres del Paine.
Au loin : le parc de Torres del Paine
Nous sommes partis le 15 septembre 2018 pour un voyage d’un an et demi en Amérique du Sud, Océanie et Asie du Sud Est ! Voici notre récit au Chili. Pour lire le début des aventures, c’est ici.
*Gloups*, certains voyageurs ont effectivement poussés les hauts cris lorsque nous leur racontions notre décision, ne comprenant pas que nous pouvions passer à côté d’une telle merveille, l’une des plus belles randonnées du monde parait-il ! Eh bien c’est très simple ! Premièrement, nous ne nous sentions pour le moment pas en manque de nature et de paysages grandioses ! Le trek du Cerro Castillo puis celui du Fitz Roy nous en avait déjà mis plein les mirettes ! Ensuite, en réfléchissant 30 secondes à ce dont nous avions véritablement envie… nous nous sommes rendus compte que nous étions assez peu intéressés par un trek sûrement bondé (le Fitz Roy nous avait déjà un peu montré ce qu’est un sentier où les randonneurs se suivent à la queue-leu-leu sans s’adresser le moindre regard…) et totalement hors de prix. En fait, nous n’avions simplement pas envie de nous lancer là-dedans, juste parce que tout le monde nous disait de le faire ! (Esprit de contradiction peut-être ^^). Nous étions plutôt heureux de nous dire que nous avions profité du parc du Cerro Castillo, très peu connu, très peu cher, où nous avons marché dans un cadre apaisé et respectueux, et tout aussi beau (voire plus) selon les connaisseurs des 2 treks. Et puis bien sûr, nous n’avions rien pu réserver du tout avec notre programme imprévisible ! Nous remettons donc Torres del Paine à plus tard peut-être, lorsque nous aurons plus de rides et que nous aurons envie de nous confronter à cette montagne !
Si vous avez eu la chance de vous rendre au parc national de Torres del Paine, n’hésitez pas à partager votre expérience à ce sujet ! Était-ce si bondé, si compliqué et si cher pour réserver votre trek ?
Du coup, il faut bien avouer que nous étions un peu comme 2 extra-terrestres à Puerto Natales, les 2 seuls voyageurs à venir dans ce tout petit village sans aller voir la merveille d’à côté ! Et pourtant, nous avons passé un moment plutôt sympa au milieu des maisons en bois colorées et de la vue des montagnes se reflétant sur le fjord ! On ne peut pas dire que la ville grouille d’une activité fantastique, mais cela nous allait bien : nous arrivions petit à petit au bout de notre aventure sud-américaine et nous souhaitions nous mettre à jour sur tout un tas de choses : commencer activement à fouiller les annonces de vente de van en Nouvelle-Zélande pour préparer notre arrivée, nous mettre à jour dans nos articles pour l’association l’Enfant à l’hôpital ou encore pour le blog, avoir le temps d’appeler notre famille, de lire, de faire de la musique etc et puis aussi, de s’offrir un restaurant pour goûter la gastronomie patagonienne !
On prends du bon temps à l’auberge !
Nous avons tout de même tenté une petite balade à partir du centre de Puerto Natales en rejoignant en stop l’entrée du sentier du Cerro Dorotea qui permet d’accéder à un joli point de vue sur la région. Sauf qu’en arrivant devant l’entrée du trek (qui est en fait simplement une montée sur une jolie colline), nous découvrons qu’une famille de chilien s’est fait plaisir et à restreint l’accès, le rendant payant (7000 pesos par personne). Par principe, nous refusons de payer pour avoir le droit de monter sur une colline qui n’est en plus même pas protégée ou entretenue par ses gardiens. Tant pis, cela nous aura tout de même permis de voir les quelques rues plus populaires de la ville !
Au loin, le Cerro Dorotea
C’est ressourcés et apaisés par cette étape hors du temps, baignée dans la lumière fantastique de cette terre australe, que nous avons entamé notre ultime étape en direction du bout du monde.
◊ De Puerto Natales à Punta Arenas (Chili)
Nous nous dirigeons donc vers la ville la plus au sud du continent sud-Américain : Punta Arenas au bord du détroit de Magellan ! La ville est à 3h de route, mais il n’y absolument rien d’ici là, nous avons donc bon espoir de tomber sur quelqu’un nous y emmenant directement ! Nous reprenons donc nos bonnes vieilles habitudes en nous installant à la sortie de Puerto Natales le pouce levé.
En quelques minutes, une voiture s’arrête : il s’agit de Pedro et son fils Joaquim, originaire de Quellon sur l’île de Chiloé, et travaillant en ce moment dans la région. Si nous devions faire un classement, cette rencontre en auto-stop est certainement parmi nos préférées ! En effet, nous avons énormément appris sur la culture chilienne, et particulièrement chilotes en écoutant les histoires de Pedro ! Son discours nous a d’ailleurs permis d’étoffer un peu notre article sur l’île de Chiloé ! Nous avons par exemple appris que l’île est extrêmement cosmopolite, de nombreux étrangers principalement européens viennent s’y installer (comme lieu de retraite, c’est pas mal !), mais que pourtant, les traditions et la culture ancienne de l’île sont ouvertes à ces différentes cultures et sont très vite adoptées par les nouveaux venus ! Nous lui avons demandé si tout ce que l’on avait entendu sur cette île (le grand réseau d’entraide entre voisin, le mode de vie plus en lien avec l’écologie et des traditions résistant au passage du temps, etc) était vrai, et Pedro nous l’a confirmé, énumérant tous les dispositifs qu’il a installé chez lui (panneaux solaires, récupération de l’eau de pluie, compost, etc). Son discours nous a fait énormément de bien après 7 mois de voyage où les exemples de très mauvaise gestion de l’environnement ont fait légion !
Pedro nous dépose à Punta Arenas en début d’après-midi, (ce que nous pensions être) notre dernière étape d’auto-stop en Amérique du sud, est terminée, youpi !!
◊ Punta Arenas, la ville du bout du monde
Punta Arenas ne nous paraît pas très accueillante au premier abord ! Nous retrouvons les impressions d’une grande ville au caractère industriel où peu de monde semble profiter de ses rues, et où seules quelques boutiques proposant des excursions touristiques pour aller voir des colonies de manchots et de pingouins ont l’air d’apporter un peu de vie. Et pourtant, nous sommes véritablement au bout du monde ! Si on veut être tout à fait exact c’est seulement la ville la plus au sud du continent et Ushuaïa, sa voisine argentine insulaire, est encore plus au sud. Et si on veut être encore plus exact, les dernières habitations avant l’antarctique se trouvent à Puerto Williams, minuscule village accessible en petit avion ou par bateau (si on a le temps). Malheureusement, nous n’aurons pas le temps d’aller jusque-là, voilà pourquoi Punta Arenas signifie pour nous notre arrivée au bout du monde.
Nous nous engageons sans plus tarder dans notre première obligation lorsque l’on arrive quelque part : trouver un hébergement ! Comme d’habitude, nous allons frapper aux portes des auberges et petits hospedajes concentrés principalement dans l’ouest de la ville. Hélas, les prix nous surprennent et en mal ! 40 000 pesos (50 euros) pour une simple nuit dans une ville peu touristique, cela nous paraît aberrant… Non sans mal, nous finissons par tomber sur une petite auberge familiale, l’Hostal la Morenita, qui nous séduit par son prix raisonnable par rapport aux autres offres (10 000 pesos le lit en dortoir) et par son atmosphère chaleureuse. L’intérieur a l’air d’un chalet tout en bois et nous y trouverons la cuisine la mieux équipée de tout notre voyage !
Ceci fait, nous pouvons nous promener dans les rues de Punta Arenas l’esprit tranquille et nous nous dirigeons presque instinctivement vers les abords du détroit de Magellan.
♦ Au bord du bout du monde
Un simple petit quai avec un mur en pierre, voilà tout ce qui nous sépare du détroit recouvert presque continuellement de brume, laissant entre-apercevoir de temps à autre un sommet, un bout de montagne des innombrables îles inhabitées qui terminent le bout de l’Amérique du sud avant le terrible cap Horn et l’Antarctique. Nous avons l’impression de n’avoir jamais été aussi près du but, de cet immense continent blanc qui nous fascine depuis tout petit par son côté sauvage, mystérieux et magnifique. Punta Arenas fait d’ailleurs parti de ce que l’on appelle la région de l’Antarctique chilien et est le point de départ des expéditions australes. Ce ne sera pas pour nous cette fois-ci, mais promis, on reviendra !
Dans la brume, telles de grandes masses fantomatiques, d’immenses navires rouillés disparaissent par instant et nous invitent à imaginer la grandeur que devait avoir Punta Arenas lorsque le détroit de Magellan était l’étape obligée pour passer d’un océan à un autre avant l’ouverture du canal de Panama en 1914.
A Punta Arenas, nous avons retrouvé Ricardo et Estelle et nous avons de nouveau passé des moments chaleureux dans la même auberge à cuisiner ensemble ou regarder des dessins animés. Cela peut paraître bête de faire quelque chose d’aussi anodin alors que l’on se trouve à l’autre bout du monde, mais pour nous, cela est tout aussi important que de voir 1000 choses extraordinaires. Des moments pour se reposer, pour discuter et s’amuser sont autant de moments où nous apprenons et grandissons.
♦ Une dernière aventure…
Cela n’était pas du tout prévu en arrivant à Punta Arenas , pensant simplement couler des jours tranquilles jusqu’à notre avion nous permettant de rentrer à Santiago pour poursuivre notre voyage, mais une dernière aventure est venue nous attraper avant notre départ : partir à la recherche d’une colonie de manchot royaux en auto-stop ! Seulement, nous vous la réservons pour la prochaine fois, dans un article des 700 Merveilles du monde 😉
Depuis Punta Arenas nous prenons pour la première fois depuis notre arrivée en Amérique du sud un avion pour voyager. Nous avions prévu de voyager uniquement en bus ou en auto-stop mais il s’avère que nous voyageons un peu trop lentement pour avoir le temps de remonter jusqu’à Santiago à temps pour notre départ sur l’île de Pâques par ces moyens-là (du moins sans faire l’impasse sur une bonne partie de la Patagonie). De plus, aussi fou que cela puisse paraître, l’avion était 5 fois moins chers que la remontée en bus ! Nous avons donc capitulé ! En quelques heures seulement, alors qu’il nous aura fallu presque 2 mois de voyage pour parcourir cette distance en direction du sud, nous voilà de nouveau à Santiago sous une chaleur étouffante et un bruit urbain oppressant, bien loin du calme et du froid patagonien.
L’immense pampa Patagonienne à perte de vue
Le chapelet d’île inexplorée de la pointe sud du continent
L’île de Chiloé vue d’en haut ! On peut deviner l’immense plage de Cuaco tout en haut de l’image
Retour dans le désert Chilien
Santiago s’étend sous nos ailes
Nous sortons de notre aventure patagonienne un peu comme on s’éveille d’un rêve. Ce retour signe la conclusion pour nous de la première grande étape de notre voyage puisque nous avons passé le cap des 6 mois de voyage à Punta Arenas, les yeux fixés vers l’antarctique. C’est une immense page qui se tourne, la plongée dans un continent dont nous ne connaissions rien et dont nous avons tant appris, la découverte d’énormément de choses sur nous mêmes aussi, et puis aussi la joie de découvrir une nouvelle page à écrire avec une suite de voyage qui va nous emmener vers de nouvelles merveilles et de nouvelles façon de voyager.
A bientôt donc pour nous suivre vers cette nouvelle page, que nous commencerons à écrire sur l’île de Pâques !
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Bonne route !
2 réponses sur “Chili – Le bout du monde”